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jeudi 24 mai 2012

Vendredi 18 Mai 2012 : Loi 78, une loi inique.

Bonjour, bonsoir.

Je viens à vous aujourd'hui pour dénoncer un grand crime, commis le Vendredi 18 Mai 2012 dans la Province canadienne de Québec.

Le Parti Libéral du Québec (PLQ), actuellement au pouvoir avec une majorité relative à l'Assemblée nationale, est confronté depuis Février 2012 à une crise sociale sans précédent dans l'Histoire du Québec. Cette crise a pris naissance lors de l'annonce par le PLQ d'une augmentation de 82% des frais de scolarité collégiaux et universitaires, sous un prétexte d'équilibre budgétaire.

Cela aurait pu s'arrêter là, des négociations auraient pu s'ouvrir, des compromis trouvés, la crise résolue. Mais le Premier Ministre Jean Charest et la Ministre de l'Éducation Line Beauchamp n'ont même pas daigné commenter le mouvement étudiant naissant, pas même lorsque 300.000 personnes en colère inondèrent les rues de Montréal le Jeudi 22 Mars 2012. À population comparée, c'est comme si 2,5 millions de Français manifestaient à Paris. Ce qui en fait la plus grande manifestation de l'Histoire du Québec.


Ainsi, la situation s'est détériorée, encore et encore, semaines après semaines, le spectre d'une session blanche se profilant de plus en plus. Alors enfin, seulement, les négociations se sont ouvertes. Pour tenter de diviser le mouvement étudiant en fait, sans succès. Le gouvernement était prêt, selon lui, à négocier sur tout, sauf les frais de scolarité, lors même que l'origine du problème est là.

Lundi 14 Mai 2012, la ministre Beauchamp démissionne. Michelle Courchesne lui succède, les grévistes attendent de voir... Pour constater que c'est bel et bien Jean Charest qui fait fi du peuple québécois, qui parle, qui s'accroche au pouvoir et tente de l'exercer de façon dirigiste. Des injonctions judiciaires (sur commande du PLQ) au fondement légal incertain, créant de dangereux cas de jurisprudence dans le Code du Travail, veulent forcer le retour au travail, des manifestations dégénèrent (comme à Victoriaville où les forces de l'ordre ont ouvert le feu sans sommation, faisant des dizaines de blessés dont certains graves voire critiques). Néanmoins, les négociations se poursuivent. Il ne reste alors que quelques jours avant que les sessions ne soient déclarées blanches.

Et j'en arrive à l'heure du crime. Hier, Jeudi 17 Mai 2012, le gouvernement annonce la mise en débat d'une loi spéciale, la Loi 78. Cette loi, dont vous trouverez le texte dans le lien ci-joint (http://profscontrelahausse.org/wp-content/uploads/2012/05/12-078sf.pdf), donne les pleins pouvoirs au Ministre de l'Éducation (quel que soit le sujet, d'ailleurs, si elle a envie de frapper les pompiers de Québec contestataires, elle le peut), reporte la session d'Hiver 2012 au mois d'Août (et avec elle le problème), interdit les rassemblements de plus de 50 personnes non autorisés par la Police, donne au policiers une large marge de manœuvre pour réprimer les manifestations (si besoin par la force), interdit le port du Carré Rouge (discret morceau de tissu épinglé au vêtement, symbole des grévistes, que j'arbore moi-même) en public, déclare les associations étudiantes responsables de toute action se déroulant en marge d'un évènement quelconque, déclare délictueux les dialogues sur la grève dans les réseaux sociaux, et frappe d'amendes allant de 1.000$can à 50.000$can tout contrevenant, personne ou association.

Jamais, dans l'Histoire du Québec et rarement dans celle de la Démocratie, un gouvernement aura pris des mesures d'une telle férocité répressive. D'autant plus que cette loi est inconstitutionnelle et contraire à la Charte des Droits & Libertés et même à la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, ce qui met plutôt mal à l'aise venant d'une démocratie. On veut nous faire croire que la loi ne vise que les étudiants. Mais quand on y regarde de plus près, c'est les droits de tous les Québécois qui sont bafoués tant le texte est à la fois terriblement précis sur les mesures à prendre et terriblement flou sur l'étendu des personnes visées. Même le Barreau de Québec, qui n'est pourtant pas connu pour son amitié envers le mouvement étudiant, a déclaré que cette loi était "illégale" et l'a dénoncée. À noter que même les étudiants hostiles à la grève ont dit que la loi allait beaucoup trop loin. Les professeurs ont exprimé leur indignation, particulièrement les historiens qui ont soulignés que de telles mesures ne s'étaient pas vues depuis la Crise d'Octobre 1970 (enlèvement et meurtre d'un ministre par un groupe terroriste souverainiste) et encore, et qu'il s'agit d'une atteinte "historique" aux libertés.


Pourtant, cette loi "spéciale", répressive, anticonstitutionnelle, "matraque", inique et en fin de compte inutile, a été votée le Vendredi 18 Mai 2012 à 17h22. À 19h, Son Excellence le Lieutenant-gouverneur de la Province canadienne de Québec, représentant de Sa Majesté la Reine Elizabeth II de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord (mais nommé par le Premier Ministre Jean Charest), a sanctionné la Loi 78.


Voilà. Je vous encourage à lire le texte de loi mis en lien plus haut pour vous rendre compte de son absurdité et de son incompatibilité avec les libertés fondamentales d'expression et de pensée. Je ne vous demande rien, pas même de transmettre (si ça vous chante, faites-le). C'était juste pour vous aviser que, dans un coin de l'Amérique du Nord, une province, un pays qui faisait la fierté de la Francophonie est en train de devenir un État policier, mené par un gouvernement répressif avide de pouvoir et hargneux envers son propre peuple. Cette atteinte à la démocratie, au cœur d'un pays qu'on regarde comme un État-Providence, méritait d'être soulignée.

Nous ne nous laisserons pas faire et nous lutterons, pied à pied, pour défendre nos droits et nos libertés.

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