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mardi 20 mars 2012

Lundi 19 Mars 2012 : Grève général illimitée.

Toujours pour protester contre la hausse de 1.625$CAN des frais de scolarité imposée par le Parti Libéral du Québec (P.L.Q.) alors au pouvoir dans la Province canadienne de Québec, les étudiants en 2ème Cycle (Maîtrise) et 3ème Cycle (Doctorat) étaient invités à se prononcer pour ou contre la grève générale illimitée reconductible lors d'une Assemblée générale extraordinaire de l'ÆLIÉS (Association des Étudiants et des Étudiantes de Laval Inscrits aux Études Supérieures).


Premier essai le Mardi 13 Mars 2012, au local 1112 du Pavillon Adrien POULLIOT, un grand amphithéâtre. Précisons ici qu'un très fort mouvement étudiant avait secoué le Québec en 2005 et qu'à situation comparable, l'ÆLIÉS avait réuni en assemblée générale de grève un peu plus de 800 personnes. Le comité exécutif avait donc prévu deux locaux, contenant suffisamment de places pour accueillir autant de monde. Ouverture de la séance à 18h30. Dans les faits, à 19h ça continue de s'entasser dans les couloirs et de rentrer. À 20h, de plus en plus de monde, il est clair que nous ne rentrerons pas tous, on parle de 1.500-2.000 personnes, pour représenter les 11.000 étudiants aux cycles supérieurs. La Sécurité de l'Université Laval s'inquiète d'un tel regroupement , l'Assemblée Générale est reportée à une date ultérieure et dans un lieu plus vaste. Dommage, je n'avais pas mon appareil ce premier soir, c'était assez impressionnant entassés à 900 dans une salle de 450 places.

Deuxième essai, Lundi 19 Mars 2012, dans le stade intérieur du Pavillon d’Éducation Physique et Sportive (PEPS) dont les cours de tennis et d'athlétisme ont été annulés. Cette fois, le comité exécutif a vraiment bien fait les choses. Un filtre complet et efficace des étudiants, des bureaux alphabétiques pour le vote à bulletin secret, des rangées de chaises impeccables, une sono, la totale. Coût de l'opération : entre 4.000$CAN et 5.000$CAN. À ne pas recommencer trop souvent, ça coulerait l'association financièrement parlant.



On nous fournit des cartons pour le vote à main levée... des cartons rouges ! Rouge, symbole des grévistes ! Le comité s'en excuse et s'en explique, ils avaient demandé à la reprographie des feuilles d'une seule couleur en nombre suffisant pour 3.000 personnes... et la reprographie leur a envoyé du rouge. D'ailleurs nous n'étions pas 3.000, 1.500 tout au plus, 1.200 environ. L'échec de la semaine passée a servi de douche froide. Mais c'est quand même relativement gigantesque pour une assemblée générale.


Rapide bilan de la séance.
_Il a été proposé un référendum électronique pour décider la grève, car une assemblée générale n'est pas démocratique ni représentative. Proposition repoussée à majorité.
_Il a été proposé un vote électronique. Repoussé à majorité.
_Il a été discuté des modalités de la grève.
_La grève en elle-même a été proposée, s'en est suivie une séance plénière de trente minutes, qui a servi d'entracte, cela faisait presqu'une heure et demi que les débats duraient.
_Un amendement a été demandé sur les modalités de la grève. Repoussé à majorité.
_Dans une dernière tentative de bloquer la grève, constatant la majorité des carrés rouges (contre la hausse et pour la grève) dans la salle, un carré bleu (contre la hausse et contre la grève) a tenté de mettre en avant un défaut de procédure, rejeté par démonstration par le comité exécutif.
_Le vote secret a été demandé pour le vote crucial, immédiatement contré par une demande de vote ouvert. Par majorité, le vote à main levé est décidé.
_À 22h15, après 2h30 de débat, la grève générale illimitée reconductible chaque semaine est votée, par 625 (et non pas 725 comme je le disais dans mes courriels, désolé) voix contre 472 et 29 abstentions. Les grévistes laissent éclater leur joie. Un tiers des personnes présentes (de tous les bords malgré une majorité d'opposants à la grève) quitte la salle.
_La clôture de la séance est demandée. Repoussée à majorité.
_Les modalités de reconduction sont discutées.
_Étant entendu du coût d'une telle assemblée générale et de l'impossibilité physique des membres du comité exécutif de supporter une telle organisation chaque semaine, la reconduction par vote électronique hebdomadaire est approuvée à majorité, sous condition qu'en cas de proposition gouvernementale une assemblée générale soit tenue.
_La séance est close à 22h35, après presque quatre heure de débats.


C'est ainsi que 11.000 étudiants supplémentaires viennent grossir les rangs des grévistes. Des actions sont prévues en plus des manifestations, tous les cours seront piquetés et ne pourront être donnés. Nombre de professeurs soutiennent le mouvement, ça démarre bien.

Les débats se sont tenus respectueusement, condition nécessaire vu la foule rassemblée. Pour ne pas intimider les orateurs, il a été convenu d'applaudir en langage des signes ! ^^ Les carrés verts (pour la hausse et contre la grève) ont axé leur argumentation sur le caractère non démocratique d'une assemblée générale et ont tenté de repousser le vote de toutes les manières possibles. Ils se sont montrés agressifs mais non convainquant. Ils ont tenté de jouer la corde sensible, mais n'ont su que répondre lorsqu'on leur a fait remarquer que la grève gênait tout le monde et que l'assemblée générale permettait au moins d'en discuter, ce qui n'est pas le cas d'un vote électronique. Par ailleurs, les orateurs verts étaient, je trouve, moins brillants que les orateurs rouges, moins clairs, moins sûrs d'eux. Sachant que la plupart des verts sont en École d’Administration et sont issues des Jeunesses Libérales, ça ne nous promet pas des politiciens de haut niveau, s'ils peuvent se faire planter par des orateurs du peuple. ^^ Plus sérieusement, ceux qui ont vraiment joué la corde sensible sont les carrés bleus, qui ne parviennent pas à se faire écouter, méprisés par les verts, incompris par les rouges, mais qui ont au moins exprimé leur point de vue.


Enfin bref, me voilà en train de refaire mon bilan historiographique avec la satisfaction personnelle d'être en grève ! ^^ Il n'est pas dit que je ne participe pas à des piquetages, je suis même tenté d'aller à Montréal jeudi, mais je continue de bosser. C'est encore plus beau lorsqu'on peut défendre ses intérêts en même temps que ceux du peuple !

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