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vendredi 2 mars 2012

Jeudi 1er Mars 2012 : Manifestation contre la hausse des frais de scolarité.

Ca couvait depuis plusieurs mois déjà.

L'an passé, il avait été question que le Parti Libéral du Québec, alors au pouvoir dans la Province de Québec, double les frais de scolarité, arguant que, avec la crise, manque de budget, tout ça, pis que c'était pas si grave puisque finalement ça resterait quand même les frais les moins chers d'Amérique du Nord. C'était juste oublier que la plupart des étudiants sont déjà endettés, que les emplois étudiants, bien que plus accessibles et pratiques qu'en France, ne peuvent suffire à assurer de telles dépenses, et que surtout la politique historique du Québec depuis la Révolution Tranquille des années 1960 est d'atteindre la gratuité scolaire.

Forcément, à l'Automne 2011, les associations étudiantes ont commencé à bouger, et à se prononcer majoritairement contre la hausse des frais de scolarité et à faire remonter leurs doléances au gouvernement, qui a fait la sourde oreille. Et a fait ses coupes dans le budget, aspergeant au passage les Collèges d'Enseignement Général et Professionnel (C.E.G.E.P.), qui font la transition sur deux ou trois ans entre l'école secondaire et les universités OU le monde du travail. Ces-derniers ont donc vu leurs vivres coupées, forçant les établissements à augmenter les frais d'inscription, fermer des cafétérias étudiantes, fermer des clubs, parfois même couper l'électricité ou l'eau à partir d'une certaine heure. Quant aux universités, le couperet est tombé, 1625$CAN de plus sur la facture, ce qui ferme la porte des universités à environ 7000 étudiants par an qui, bourses ou prêts ou pas, n'auront plus les moyens d'accéder aux études supérieurs. Modèle américain, quand tu nous tiens...

Donc cet hiver, ça s'est durci, d'autant qu'en opposition aux "Carrés Rouges", étudiants contre la hausse, sont apparus des "Carrés Verts", minoritaires, étudiants qui se disent pour cette hausse mais dont le noyau dur est composé de membres du P.L.Q.. Devant la réaction dure du gouvernement, le mouvement étudiant s'est également renforcé. Les associations étudiantes ont d'abord toutes votées des levées de cours à des jours définis pour organiser des manifestations à Québec ou à Montréal, comme celle d'hier. Et depuis une semaine, il est question de grève générale, les cégepiens nous ont rejoint. J'ignore ce que cela va donner, mais pour l'instant ni l'un ni l'autre camp n'est prêt à céder.

Et hier, manifestation à Québec. 10.000 personnes attendues, environ 5.000 présentes, le gouvernement a été bien aidé par la météo. Le vent fret et une neige en poudrerie ont sûrement dissuadé pas mal de monde. Résultat, il y avait presque plus de Montréalais et autres que de Québécois... Le cortège, parti du Parc des Braves sur le Chemin Sainte-Foy, a bifurqué pour venir perturber le trafic des autobus sur le Boulevard Laurier, avant de continuer vers la Grande Allée, histoire de déranger les trois grands axes. En chemin, nous avons été rejoints par des mouvements grévistes solidaires de la grève étudiante, tandis que des banderoles de soutiens ornaient certains bâtiments.






Une fois devant le Parlement, face à un très fin cordon de policiers, la manifestation a largement dépassé les barrières de protection, trop petites. Instantanément, des Forces de Sécurité (l'équivalent de nos C.R.S. : Compagnies Républicaines de Sécurité), que le groupe humoristique québécois appelle "notre Produit Intérieur Brut", sont sorties du bâtiment et sont venues se ranger en ligne face à nous. Allez savoir par quel hasard de la foule je me suis retrouvé, avec mon drapeau québécois (la bonne excuse pour lui faire prendre l'air), en deuxième ligne. Enfin bref. Sans que cela tourne à l'altercation violente, il y a eu quelques jets d’œufs à peinture et de balles de neige depuis le cortège, et les Forces ont riposté... au gaz lacrymogène. Une grenade a éclaté à trois mètres sur ma droite et je fus pris sous le vent, tandis que la ligne de sécurité nous repoussait, fermement mais sans violence autour de la Fontaine de Tourny. Protégé par mes lunettes et mon écharpe, je ne souffrais pas trop des gaz, mais des étudiants autour de moi ont souffert, ainsi qu'un policier qui avait mal ajusté son masque à gaz. Tout ce beau monde fut pris en charge gentiment par les policiers, aucune interpellation.












Après cette dispersion un peu forcée, une partie du cortège est restée sur place, à moins d'un mètre du cordon de sécurité, plus par esprit festif qu'autre chose (j'entendis même le refrain de "La Marseillaise", ça m'a fait sourire) tandis que je me dirigeais le Boulevard Laurier pour regagner mes pénates. J'eus à traverser un autre cordon de sécurité, à l'air plus agressif car faisant face à la partie du cortège où flottait les couleurs du Réseau de Résistance Québécois (R.R.Q.). Aucun incident à déplorer.



Le gouvernement reste sur ses positions, nous aussi. La grève générale commence à être à l'ordre du jour. Reste à voir comment ça va tourner. Quant à moi, côtoyer le Drapeau des Patriotes, le Drapeau Rouge et marcher avec le Drapeau Québécois, ça n'a absolument pas choqué ma fierté de Français (même pas en marchant sous la fleur de lys). Je suis pour la solidarité des peuples.

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