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mardi 20 mars 2012

Dimanche 18 Mars 2012 : Souvenirs d'Algérie.

Dans cet article, il va falloir que je fasse attention à ce que je vais dire, j'ai quelques Pieds Noirs dans ma famille et je sais que pas mal d'Algériens passent sur mon blog et me mettent souvent des mots gentils. Il ne faudrait vexer personne.

En fait, cet article va vraiment être à l'image de ce cinquantenaire particulier.

Il y a cinquante ans, le 18 Mars 1962, la Vème République Française et le Front de Libération Nationale signaient les Accords d'Evian, mettant fin à la Guerre d'Algérie (1954-1962).


Une sale guerre, une guerre coloniale, la deuxième menée par la France après la Guerre d'Indochine (1945-1954). La France qui sortait tout juste de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) et de l'occupation allemande et nazie, et qui se posait donc parmi les vainqueurs comme les champions de la liberté, pour s'engager dans des conflits visant à défendre son empire colonial contre des peuples luttant pour leur indépendance et la liberté... Enfin...

L’Algérie était une colonie française depuis 1830, se composait de plusieurs Départements français où les Français installés, plus d'un million de "Pieds Noirs", avaient le droit de vote. Une des plus ancienne et des plus prestigieuse possessions de l'Empire colonial de la France.

Au delà des divergences politiques, François MITTERRAND (1916-1996) déclarait "L'Algérie c'est la France" alors même que la plupart des Socialistes souhaitaient la fin du conflit tandis qu'à droite on retrouvait les mêmes divergences, cette guerre a profondément ébranlé la France. Elle fut directement à l'origine de la crise qui a précipité la chute de la IVème République et l'avènement du régime très présidentiel de la Vème République, dirigé par la poigne de fer du Général Charles de GAULLE (1890-1970). Celui-là même qui prononcera la phrase la plus ambigüe et la plus acclamée de l'Histoire à Alger : "Français, je vous ai compris !" s'attirant la joie d'Algériens sentant venir l'indépendance et de Pieds Noirs certains désormais que la France ne les abandonnerait pas.


Une sale guerre, dont ceux qui sont revenus étaient traumatisés à vie, mon grand-oncle l'a faite et je sais qu'il ne s'en est jamais vanté. On ne saura jamais exactement combien d'Algériens ont laissé la vie dans ce conflit, peut-être un peu moins d'un million...


Les Pieds Noirs ont été forcé de tout quitter en 1962 après la défaite de la France. Peut-on leur en vouloir de dire que l'Agérie était leur patrie ? 99% d'entre eux n'avaient jamais vu la France, leurs parents non plus, et rares étaient ceux qui gardaient des contacts réguliers avec leur famille en métropole. Ils ont quitté la terre qui les a vu naître et grandir, abandonné leurs meubles, leurs affaires et leurs maisons, se sont entassés dans des bateaux pour débarquer à Marseille, en terre inconnue, comme des étrangers. Que dire des Harkis, ces Algériens "collaborateurs", expulsés d'Algérie sous peine de représailles, accueillis en France comme des parias et des immigrants, non reconnus comme réfugiés politiques et parqués dans la misère...


Et peut-on en vouloir aux Algériens qui venaient de se libérer d'une puissance étrangère de se sentir enfin libres sur leur terre ?

Longtemps la France a refusé d'affronter son passé. On a parlé des "évènements d'Algérie", ce qui est insultant pour tout le monde : les Algériens qui ont quant même gagné leur indépendance dans l'affaire, les militaires qui ont été s'y faire tuer et les Pieds Noirs qui ont tout perdu. On a finalement accepté de parler de "Guerre d'Algérie", puis de reconnaître peu à peu les massacres commis par les deux camps, le manque de reconnaissance envers les Pieds Noirs et les Harkis.

Mais les plaies sont encore à vif. Les Pieds Noirs restant étaient enfants en 1962 et sont les plus marqués par le départ. Beaucoup d'Algériens se sont installés en France, par après, fuyant un régime instable émaillé de violences.

La France et l'Algérie... Une histoire d'amour et de haine qui n'est pas prête de s'achever.

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