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samedi 28 janvier 2012

Interlude polémique.

En plein en rapport avec l'article précédent. Jean TENEBAUM "FERRAT" (1930-2010) lui aussi avait été impressionné par la République de Cuba. Et lui aussi il était partisan d'une démocratie sociale ! Alors ?!

"Les Guérilleros" ; "Cuba si" ; "À Santiago de Cuba" (1967)
 



Polémique.

Edit* : Un article du Courriel International de cette semaine, qui conduit vers plein de liens du journal El Pais.

Souvenez-vous. Il y a quelques temps, j'avais écrit un article en hommage à Danielle Émilienne Isabelle GOUZE-MITTERRAND (1924-2011), qui venait de décéder. J'avais notamment souligné son engagement pour les Droits de l'Homme.

En commentaire, je me suis attiré cette réponse foudroyante de mon ami et collègue Tony B. :
"Au fait, tu n'évoques pas son soutien inconditionnel à cet autre grand défenseur des Droits de l'homme nommé Fidel Castro".

Il faisait référence à l'accueil du dictateur cubain par Danielle MITTERRAND en France le 15 Mars 1995.



Je lui répondis alors ceci :
"Je pourrais moi-même dire beaucoup de bien de Fidel Castro, malgré le fait que ce soit un dictateur. Certes, il était temps que le régime mette un peu d'eau dans son vin rouge, mais tout de même. Je ne me suis pas engagé sur ce terrain glissant de peur de choquer certains Cubains de Miami.".

En plus d'un commentaire aiguisé de ce cher Tony B. :
"Oui et puis qu'importent les morts, du moment que ce sont les gentils qui les tuent ?",
je m'attirais illico les foudres d'un autre commentateur régulier de ce blog, Moietpersonnedautre, libre penseur et qui a la qualité de ne pas avoir la langue dans sa poche :
"Bonjour Posséidon
Que c'est magnifique de voir un homme de Gauche si intégre au socialisme même si certains socialistes ont du sang sur les mains! J'aimerai bcp savoir ce que tu aimes chez Fidel Castro. C'est bien un jugement de garçon de salon mondain. Connais tu des gens qui ont vécu sous le régime de Castro? A quel prix était l'ordre et la sécurité chez Castro, et avant chez Staline. Tous ces hommes proches du peuple qui ont détruit autant qu'Hitler ( je ne parle pas de chiffres, de sondages) mais qui ont peu d'idées sur les valeurs humaines. Cela m'étonne vu que tu défends dans ton blog une autre gauche... voire même une Gauche molle. Vois-tu des points en commun entre Hollande et Castro-Staline ? Lesquels ? Je connais des ges qui ont vécu le Stalinisme en tant qu'enfant. Je peux te garantir que les grands penseurs n'étaient pas dans les salons mondains, mais au goulag! ça devait être pareil pour Castro! C'est honteux de se prétendre de Gauche et de dire du bien à des didacteurs qui ont tués ( intellectuellement ou physiquement) des familles entières! Ce sera quoi ton prochain article ? Un hommage au Saint Kadhafi ? hahaha".

Je promettais donc un article de justification, qui a tardé tout simplement parce qu'en Décembre, ma session à l'Université s'est mal terminée, j'en suis sorti vidé physiquement, démoralisé, n'aspirant qu'au repos de mes pauvres neurones pendant quelques temps. Je rentrai donc en France pour les fêtes durant lesquelles je ne fis absolument rien, et bon sang que ça m'a fait du bien. Je répète que j'en avais besoin. Il était donc inutile de me relancer encore et encore, très cher Moietpersonnedautre. M'attaquer comme vous l'avez fait sur mon seul espace de liberté intellectuelle n'a fait que franchement m'agacer, et une demande supplémentaire de votre part aurait conduit à un commentaire saignant vous envoyant proprement ch*** vous, vos idées, votre impatience et votre foutu article sur Castro. Cet article, le voilà. Cela étant, vous êtes prévenu pour le jour où vous voudrez me lancer sur une autre polémique. Faites-le, je n'ai rien contre (je suis même plutôt pour), mais laissez-moi répondre quand et comme je veux, je n'ai pas toujours le temps ou l'envie de me consacrer à mon blog. Je ne vis pas à travers lui, j'ai ma vie et mes études à mener à côté.

Bref, avant de défendre Castro, je vais d'abord me défendre moi, puisque j'ai été directement attaqué dans le commentaire ci-dessus cité.
_Je ne défends pas une Gauche molle. Relisez bien mes articles. Je ne loue les Primaires Socialistes de 2011 que pour leur côté démocratique assez inédit dans l'Hexagone à l'échelle des partis. Sur le fond, le programme socialiste ne m'enthousiasme guère, mes idées se rattachent plus au Front de Gauche, cependant entre la peste marine et le choléra sarkozyste, j'aime autant le rêve hollandais. Et qui sait ? Peut-être à force de virer degré par degré à gauche finira-t-on par mettre la barre à bâbord toute ? On peut toujours y croire, ça n'engage à rien. Mais sinon, sûr que je suis plutôt partisan d'une gauche un peu plus sociale que celle proposée par le Parti Socialiste (P.S.).
_Je suis un intellectuel, je suis un penseur de salon. J'avoue, je vous l'accorde, mais après ? Ca vous va bien de dire ça ! Et je me soigne figurez-vous ! En attendant, je pense comme je veux et ce que je veux, mais je suis toujours prêt à discuter. Pis d'abord, j'ai même pas de salon dans mon 12m² ! ^^ Blague à part, j'ai rencontré des Cubains figurez-vous, même que j'ai eu les deux sons de cloche sur Castro ! Na !
_On peut être de gauche et prendre un peu le parti d'un dictateur, ça arrive même aux gens de droite ! Le régime politique est sans parti, que je sache, il y a des dictateurs et des démocraties des deux bords. J'admire pas mal Napoléon BONAPARTE (1769-1821) aussi, c'est grave cette dérive impérialiste docteur ? Y'a un moment où faut arrêter avec les arguments foireux !
_En parlant d'arguments foireux, la dernière phrase est bien. Mouammar al-Kadhafi (1942-2011) était un fou-furieux, un terroriste, un islamiste non-avoué, un détraqué complètement à côté des réalités socio-économiques de l'Afrique et du monde (sauf en ce qui concerne le pétrole), dont la vocation première était d'embêter le monde, et ça il a réussi... Que ce soit sur le plan idéologique, politique, réalisationnel ou même personnel, ce serait faire insulte à Fidel CASTRO que de les comparer (même s'ils se connaissaient ou se soutenaient l'un et l'autre, j'y reviendrai). Jamais je ne prendrai la défense de ce mégalomane, ne serait-ce que parce qu'il n'y a que moi qui ai le droit d'être mégalo sur cette planète !


Voilà, ça c'est fait. Maintenant, je vais clarifier ma position sur le régime cubain. Car je ne me voile pas la face sur le vrai visage de la République de Cuba.
_Une dictature à peine déguisée d'influence socialiste.
_Des centaines de prisonniers politiques.
_Des dizaines de milliers d'exilés politiques, certains volontairement d'autres non (remarquez que l'exil est toujours préférable à une exécution, c'est déjà pas si mal que ce soit dans les options proposées).
_Un passé sanglant, dans la première décennie du régime qui a décidément pas mal de sang sur les mains (en excluant celui causé par la guerre civile [1956-1959] qui a porté Castro au pouvoir, ne mélangeons pas les contextes : une guerre est une guerre, une épuration est une épuration).
_Des Droits de l'Homme en dents de scie, certains sont très bien défendus, mais la plupart sont bafoués. Mais cette ambiguïté explique les hésitations internationales quant aux dirigeants cubains.
_Une liberté d'expression quasiment inexistante.
_Une population certes alphabétisée à 99,5% mais une éducation assurée par des enseignants formés sur le tas et qui sert surtout d'embrigadement de la population aux idées du régime.
_Une ligne idéologique dure, trop dure sûrement, qui n'a laissé les populations accéder à Internet qu'en 2008 et à la propriété (de sa maison) qu'en 2011. Pour le reste, sur le papier du moins, il s'agit d'un système communiste, et vous avouerais-je que je suis plutôt pour à la condition qu'il soit appliqué raisonnablement et correctement, ce qui est loin d'être le cas à Cuba.
_Une pauvreté latente, qui assure néanmoins le strict minimum vital à chacun, comme tout bon régime communiste, mais qui génère néanmoins des situations délicates, notamment beaucoup de prostitution et de tourisme sexuel (fortement nié par le régime mais bon... on est pas dupe...).
_Une corruption absolument étouffante, et donc un marché noir florissant.
_Des provinces qui ne sont pas traitées équitablement, celles de l'est sont ainsi oubliées volontairement par le pouvoir, au contraire de La Havane et des alentours.


Et j'en oublie sûrement. Pour vous faire une idée, deux liens :
_Un article du périodique "Politique Internationale" de Juin 2006. Le lien m'a été redonné en commentaire par Tony B. mais j'avais déjà lu l'article avant car il avait été repris dans un périodique d'Histoire nord-américain en 2010 et je l'avais lu à cette occasion.
_Un blog d'une Cubaine qui parle de son pays, de sa politique, de tout. Réservé aux hispanophones.


Malgré tout, je suis capable de dire du bien de Fidel Alejandro CASTRO-RUZ (1926- ). Comment ? Pourquoi ?
_Il a eu suffisamment de personnalité pour rassembler autour de sa personne la population cubaine pour chasser le Général Ruben Fulgencio Batista y Zaldivar (1901-1973) qui s'est (pour donner une idée du personnage) réfugié en Espagne Franquiste.
_Durant cette guérilla (1956-1959), c'est lui et bien lui, pas Che Guevara (comme le veut la légende) qui a eu le tact et la diplomatie nécessaire pour unifier tous les syndicats en une révolte commune.
_Durant l'épuration politique qui a suivi la chute de Batista, entre 1959 et 1963, il n'était pas encore officiellement au pouvoir ni même membre du Parti Communiste, même s'il détenait un pouvoir non négligeable. Le gros de la Terreur est à mettre sur le dos du Che, encore une fois, qui a dirigé les tribunaux révolutionnaires, fait fusiller près de 1.500 personnes et mis en place les "Camps de Travail et de Rééducation", qui ont été fermés sur ordre de Castro au milieu des années 1970. Cela étant, il faut avouer que Castro n'a rien fait pour réfréner le Che.
_Enfin si, il a nommé Che Guevara à un poste de Ministre de l’Économie et Directeur de la Banque Nationale, poste où le Che était sûr d'échouer, ce qui donnerait une bonne excuse au gouvernement cubain pour envoyer le bouillant Argentin guériller ailleurs.
_Il s'est tourné vers le Communisme et l'Union des Républiques Socialistes et Soviétiques (U.R.S.S.) par obligation et non par conviction, puisque les États-Unis d'Amérique lui ont coupé les vivres dès 1960.
_Il a honnêtement tenté de mettre en place un régime socialiste, mais que faire quand vos alliés sont si loin et que vous avez comme voisin une superpuissance capitaliste qui vous étouffe par un blocus dès 1962 ? Embargo qui d'ailleurs dure encore aujourd'hui, même s'il s'assouplit, grâce à une parfaite mauvaise foi des États-Unis d'Amérique qui isolent commercialement Cuba d'un côté et qui de l'autre s'offrent ainsi un parfait monopole sur les importations de l'île en médicaments et en vivres, à des prix honteux ? Ah c'est sûr, vu les profits que ça génère, ils peuvent bien se montrer gentils et prévenants envers les exilés cubains ! Tiens, et puisqu'on parle de Cuba, des Droits de l'Homme et des U.S.A., quelqu'un peut me rappeler ce qu'il y a à Guantánamo déjà ?
_Son régime n'est certainement pas un régime soviétique, ça non. Les méthodes employées dans les prisons, à la rigueur. Mais pas au quotidien, faut pas exagérer non plus, oh ! On ne peut décemment pas comparer la République de Cuba à l'U.R.S.S. de Joseph Vissarionovitch DJOUGACHVILI "Staline" (1878-1953) (qui elle-même n'est pas comparable à l'U.R.S.S. de ses successeurs plus souples) ou à la République Populaire Démocratique de Corée du Nord.
_Un homme qui échappe à 637 tentatives d'attentat, dont les deux-tiers fomentées par la Central Intelligence Agency (C.I.A.) mérite quand même un certain respect, une sécurité efficace à ce point et un pareil cul bordé de nouilles, ça ne s'invente pas.
_Le système de santé cubain, qu'il a mis en place, est l'un des plus efficaces au monde, faisant des Cubains ceux qui ont la plus longue espérance de vie en Amérique Latine.
_Il a combattu avec et soutenu l'indépendance des pays du tiers-monde et ce sans racisme aucun (au contraire), notamment en Afrique. La République d'Angola et même la République d'Afrique du Sud post-Apartheid lui doivent beaucoup.
_De par sa position isolée depuis la chute du Bloc de l'Est en 1991, il affiche une opinion franchement anti-américaine (et pour ça, les Américains ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes), il est amené à soutenir tous ceux qui subissent le courroux des Américains, même si cela lui fait dire des idioties (notamment sur le Mardi 11 Septembre 2001) ou à côtoyer des dictateurs peu fréquentables (Khadafi et la République Islamique d'Iran, entre autres). C'est un homme de conviction, on ne peut pas lui enlever ça.
_Son projet pour une Amérique Latine socialiste me plaît franchement. Avouons néanmoins que pour qu'il soit mis en place correctement, il serait préférable que ce ne soit pas Castro ou même Hugo Rafael CHAVEZ FRIAS (1954- ), Président de la République Bolivarienne du Venezuela (1999- ), qui s'en occupe. Pour que vraiment l'Amérique Latine devienne un modèle de socialisme démocratique, il faudrait plutôt quelqu'un comme Luiz Inacio LULA da Silva (1945- ) ou sa successeur Dilma Vana ROUSSEF (1947- ), de la République Fédérative du Brésil, où le Socialisme (certes peu écologique, je l'admets volontiers) a fait de grandes choses depuis 2003.
_Je crois Fidel quand il dit qu'il n'a pas la fortune colossale de 900 millions de $US annoncée par des études américaines, même si je ne le crois pas non plus quand il dit qu'il ne gagne que 900 Pesos (40$US) par mois (oh, hein, faut pas me prendre pour un imbécile non plus ^^).
_Il a une jolie barbe.


Voilà pourquoi je suis capable de dire beaucoup de bien de Fidel CASTRO, mais en dire beaucoup de bien ne signifie pas adhérer au régime aveuglément. Je regrette même profondément que Cuba ne soit pas devenu le modèle de démocratie sociale que promettaient les Guérilleros de 1959. Je suis également profondément désolé pour les milliers de Cubains exilés de force. Je répète que c'est le personnage qui me fascine et non le régime. Par ailleurs, on peut conjecturer sur ce que serait devenue Cuba si Batista était resté au pouvoir : soit une dictature militaire qui aurait fait passer Castro & Co pour des enfants de chœur, soit un pays lèche-bottes américaines au peuple complètement exploité par l'ultra-libéralisme et pas plus heureux pour autant voire plus malheureux (à l'image des États-Unis du Mexique), soit les deux.


Et puis il faut arrêter de se voiler la face. C'est bien beau de défendre les Droits de l'Homme d'un côté si c'est pour vendre des armes et acheter du pétrole de l'autre ! Ca nous va bien de donner des leçons, n'empêche qu'on est bien content qu'il y'ait toutes ces dictatures dans le monde, ça fait marcher le commerce à bas prix et en plus on peut faire et défaire des hommes d’État à notre guise, c'est chouette, non ? À ce petit jeu, les États-Unis sont très fort, et la Vème République Française n'est pas en reste (quelque soit le gouvernement au pouvoir d'ailleurs). Je suis curieux de voir la réaction de la France en 2020 quand monsieur Alassane Dramane OUATTARA (1942- ) perdra les élections en République de Côte d'Ivoire...

Alors oui, je suis de gauche et je soutiens un dictateur sans être à fond pour son régime. Paradoxal ? Oui, et fier de l'être. Moi au moins j'assume.

Vous remarquerez également que je casse pas mal de sucre sur le dos du légendaire Ernesto "Che" GUEVARA (1928-1967). Excuse-moi Laura (si elle tombe sur ce blog, elle se reconnaîtra), mais plus j'approfondis mes connaissances sur ce gars, plus j'ai du mal à rentrer dans sa légende de révolutionnaire visionnaire et humaniste. À moi, il me fait plutôt l'effet d'un sanguinaire aventurier, certes communiste convaincu, mais complètement à côté de ses pompes quant à l'application du Communisme dans la réalité du XXème siècle, et même singulièrement dur dans ses guérillas et dans sa façon de "gouverner". On ne me verra jamais avec un T-shirt à son effigie.

Interlude.

Je l'entends partout ! Le matin à la radio, le soir à la radio, pendant la journée sur Internet, et même à l'heure des repas dans les centre commerciaux, déclinée sous toutes les versions (originales, reprises, instrumentales). Notez que je ne m'en plains pas, j'adore cette chanson mais pour le coup je l'ai en tête tout le temps.

Reginal Kenneth DWIGHT "Sir Elton Hercules JOHN" (1947- ) pour la musique et Sir Tim RICE (1944- ) pour les paroles, "Can you feel the Love tonight" (1994), une des chansons du film "Le Roi Lion" (1994). Ici, un récital de 2009, avec un accompagnement au piano qui dégage encore plus d'émotion que dans la version de 1994.


dimanche 22 janvier 2012

Dimanche 7 Décembre 1941, Pearl Harbor. En savoir plus.

Pour voir Pearl Harbor autrement.

Les films d'abord.

Je citerai en premier "Tora ! Tora ! Tora !" (1970), film qui peut avoir valeur de documentaire. Nulle histoire d'amour ou personnelle derrière tout ça, juste une première partie sur la préparation des deux camps, et une seconde qui montre l'attaque. Il sera suivi du film "La Bataille de Midway" (1976) sur le même principe ou presque.


Ensuite, évidemment, "Pearl Harbor" (2001). LE film à voir avec sa copine si on veut de l'action malgré tout. Une vérité historique un peu plus approximative, une attaque spectaculaire, deux beaux et jeunes pilotes américains, amis de toujours, une belle infirmière entre les deux, un amour, le tout sur fond de descente aux enfers. Du sang et des larmes... Notez que ça vaut le coup rien que pour la musique de Hans Florian ZIMMER (1957- ) et la chanson de Audrey Faith Perry HILL-McGRAW (1967- ), "There you'll be" (2001).

 




Les livres après.

Dans la collection J'ai lu leur aventure, ce n'est certes pas de la grande littérature mais c'est rédigé par des historiens et/ou des témoins l'ayant vécu, ce qui rend donc le récit assez proche des faits. "Pearl Harbour" (1968) de Walter LORD, auquel on peut ajouter "Combats en mer II : Pacifique 41/45" (1964) d’Étienne ROMAT.



Pour les geeks pour finir.

Pour ceux qui veulent casser des centaines d'avions japonais, je suggère fortement "Medal of Honor : Batailles du Pacifique" (2004) sur ordinateur, et son pendant sur console "Medal of Honor : Soleil Levant" (2003).


Pour ceux qui veulent rester dans le domaine du réaliste et ressentir l'ivresse des combats aériens, les premières missions du simulateur de vol "Pacific Fighters" (2004) sont indiquées.

   

Dimanche 7 Décembre 1941, Pearl Harbor. Conclusion : les conséquences.

9h à Hawaï, 14h30 à Washington D.C., l'attaque japonaise prend fin. L'appel à l'aide de Pearl Harbor atteint enfin les services officiels de la Maison Blanche. Le premier à être informé est le Secrétaire d'État Cordell HULL, qui se rend à son bureau pour recevoir l'ambassadeur Nomura qui a demandé une audience en urgence. Lorsque Cordell HULL reçoit la missive annonçant l'attaque, il n'est pas informé de la déclaration de guerre décryptée par les Américains, et il refuse de croire à une attaque japonaise sur Hawaï, persuadé qu'il s'agit des Philippines. À 14h35, on lui confirme qu'il s'agit bel et bien de Pearl Harbor. Secoué, choqué, il gagne son bureau où l'attendent les diplomates japonais qui lui remettent la déclaration de guerre, que leurs services viennent de déchiffrer une demi-heure plus tôt, près de quatre heures après les services secrets américains... Le Secrétaire d'État prend connaissance de la missive, et doit s'y reprendre à plusieurs fois avant de parvenir à trouver ses mots. Il se dit alors profondément outré du comportement du Japon, traite les diplomates de menteurs et leur ordonne de sortir, sans ajouter un mot. Nomura et son collègue sont surpris et navrés. Non pas qu'ils s'attendaient à être bien reçus, mais ils espéraient au moins une rupture cordiale. Ce n'est qu'en rentrant à l'ambassade japonaise qu'ils apprennent, par la radio américaine, l'attaque de leurs compatriotes sur Pearl Harbor et comprennent qu'ils ont remis leur message trop tard, faisant de l'Empire du Japon un agresseur sauvage contrevenant à toutes les lois de la guerre en ne prévenant pas de la déclaration des hostilités. Roosevelt apprend la nouvelle à 9h15, à la Maison Blanche, avec une évaluation temporaire des dégâts. Il restera léthargique pendant deux heures.
À Pearl Harbor, le spectacle est dantesque. La rade est en feu, vingt-cinq navires ont été touchés à différents degrés. Le Nevada est échoué, l'Arizona et le destroyer Shaw ont fait explosion, l'Oklahoma s'est retourné et on peut entendre dans sa coque les coups frappés par les marins piégés dans ses entreponts. Le West Virginia est coulé (seuls ses superstructures émergent), le California est en feu, de même que les cales sèches et les dépôts sur les quais, et de nombreux autres navires font état d'avaries sévères. Les secours s'organisent, notamment autour de l'Oklahoma, mais peu de survivants sont sortis de la coque, que les sauveteurs ne parviennent à percer qu'en de trop rares endroits, et les coups et les voix des mécaniciens pris au piège finissent par s'éteindre, peu à peu. Au soir de l'attaque, il n'y a plus d'espoir.
Le U.S.S. West Virginia coulé et en flammes (au premier plan), le U.S.S. Tennessee en arrière-plan.
Le U.S.S. Oklahoma retourné, le U.S.S. Maryland à droite.
Le destroyer U.S.S. Shaw après explosion, notez le U.S.S. Nevada amené en cale sèche derrière lui.
Sur terre, le bilan est lourd aussi. 188 appareils ont été détruits au sols, plus une vingtaine qui a été abattue en l'air. Les hangars sont en ruines, les pistes également. La liste des pertes fait frémir : 2.403 tués (dont 1.177 la même seconde à bord de l'Arizona, et 68 civils tués par deux bombes perdues tombées sur Honolulu) et 1.178 blessés.

Un hangar d'Hickam Field.
Le choc aux États-Unis d'Amérique est terrible, tant parce que l'attaque japonaise n'a été précédée d'aucune déclaration de guerre alors même que les Américains pensaient adopter une attitude pacifiste, que parce que Hawaï est Territoire des États-Unis d'Amérique, et que jamais depuis 1814 les Américains n'ont été attaqués par une puissance étrangère sur leur sol. Les mouvements pacifistes se rallient alors sans condition à Roosevelt, qui prononce dès le Lundi 8 Décembre 1941 son discours célèbre : "Hier, 7 Décembre 1941, date à jamais marquée de honte et d'infamie, les États-Unis d'Amérique ont été soudainement et délibérément attaqués par les forces navales et aériennes de l'Empire du Japon. Les États-Unis étaient en paix avec cette nation et, à la demande du Japon, menaient encore avec son gouvernement et son empereur des pourparlers visant au maintien de la paix dans l'Océan Pacifique. De fait, une heure après que les escadrilles japonaises aient commencé à bombarder Oahu, l'ambassadeur du Japon aux États-Unis et son collègue transmettaient au Secrétaire d'État une réponse officielle à un récent message américain. Bien que cette réponse affirmait qu'il semblait inutile de poursuivre les négociations diplomatiques en cours, elle ne contenait ni menaces, mi allusions à la guerre ou à une attaque armée. Au vu de la distance qui sépare Hawaï et le Japon, il est clair que cette attaque a été préméditée depuis de nombreuses semaines ou même des mois. Et pendant ce temps, le gouvernement japonais a délibérément cherché à tromper les États-Unis en faisant de fausses déclarations et en exprimant l'espoir que la paix serait maintenue. L'attaque d'hier sur les Îles Hawaï a infligé de graves dommages aux forces militaires et navales américaines de l'Océan Pacifique. Un grand nombre d'Américains a perdu la vie. En outre, on annonce que des navires ont été torpillés en haute-mer entre San Francisco et Honolulu. Hier, l'Empire du Japon a également déclenché une attaque contre la Malaisie. La nuit dernière, les forces japonaises ont attaqué Hong-Kong, Guam, les Îles Philippines, l'Île de Wake et l'Atoll de Midway ce matin. Le Japon a donc déclenché par surprise une offensive qui s'étend à toute la région du Pacifique. Après ce qu'il s'est passé hier, tout commentaire serait inutile. Le peuple américain s'est déjà fait une opinion et comprend la portée du danger qui menace la sécurité et la survie même de notre nation. En ma qualité de commandant en chef de l'armée et de la marine, j'ai donné l'ordre de prendre toutes les mesures qui s'imposent pour assurer notre défense. Nous nous souviendrons toujours de la nature honteuse de l'agression qui a été commise contre nous. Peu importe le temps qu'il nous faudra pour repousser cette invasion préméditée ; le peuple américain, fort de son droit, saura combattre jusqu'à la victoire totale. Je crois être l'interprète de la volonté du Congrès et du peuple en déclarant que non seulement nous nous défendrons jusqu'à l'extrême limite de nos forces, mais que nous agirons de façon à être bien sûrs que plus jamais ne pèsera sur nous la menace d'une attaque de ce genre. Les hostilités ont commencé. Il n'y a pas à se dissimuler que notre peuple, notre territoire et nos intérêts sont en péril. Confiants en nos forces armées, nous remporterons une victoire triomphante grâce à la résolution inébranlable de notre peuple. Que Dieu nous vienne en aide ! Je demande au Congrès de déclarer que, depuis l'attentat injustifié commis par le Japon le 7 Décembre, les États-Unis d'Amérique se trouvent en guerre avec l'Empire du Japon.".

Discours du Président Franklin Delano ROOSEVELT au Congrès des États-Unis d'Amérique le Lundi 8 Décembre 1941.

Le gouvernement américain déclare alors ouvert le recrutement en masse des volontaires américains pour entrer dans l'armée. Parallèlement, atteint par le profond sentiment anti-japonais qui gagne le peuple, il fait arrêter tous les immigrants japonais et les Américains d'origine japonaise, qui se retrouvent enfermés dans des camps qui, sans être franchement des camps de concentration, ne sont pas les meilleurs endroits au monde pour vivre en famille... Les États-Unis d'Amérique ne s'excuseront de ces arrestations qu'en 1988.

14 marins et infirmières reçoivent la Médaille d'Honneur du Congrès (plus haute distinction militaire) pour acte de bravoure à Pearl Harbor. 200 autres reçoivent la Navy Cross, dont (après un débat d'un an, ségrégation oblige) le matelot noir du West Virginia, Doris "Dorie" MILLER (1919-1943), qui servit de transmetteur d'ordre entre les officiers du cuirassé et qui, bien que n'ayant jamais été entraîné au combat, participa à la défense anti-aérienne, restant à son poste même après le naufrage et étant crédité d'au moins une victoire, devenant ainsi le premier marin noir décoré des États-Unis. Tous les vétérans de l'attaque se virent remettre la Pearl Harbor Commemorative Medal, créée pour l'occasion.

Doris "Dorie" MILLER

Côté japonais, dès le signal de fin d'attaque transmis à Yamamoto, la seconde flotte japonaise, en attente au nord de la Malaisie, passe à l'action. Pour elle c'était le Lundi 8 Décembre 1941, car elle se trouvait de l'autre côté de la ligne de changement de date. Yamamoto donne alors l'ordre de lancer l'offensive générale. Le jour même, les troupes japonaises débarquent en Malaisie et dans les Philippines, tandis que l'armée de terre basée en Chine fond sur la Birmanie et toutes les possessions coloniales européennes continentales. L'aviation lance des raids sur toutes les bases américaines : Wake, Midway, Guam, etc... En un mois, les Philippines, la Malaisie et les colonies sont emportées, et les troupes japonaises s'emparent également des bases américaines de l'Océan Pacifique Ouest. La Nouvelle-Guinée et les Îles Salomon sont attaquées à leur tour, l'envahisseur se rapproche de l'Australie et rien ne semble pouvoir l'arrêter. Les restes des unités de surface américaines, australiennes et européennes sont anéantis lors de la Bataille navale de la Mer de Java en Janvier 1942. Bien que rien dans le Pacte Tripartite ne les y oblige, le IIIème Reich d'Allemagne Nazie et le Royaume d'Italie Fasciste déclarent la guerre aux États-Unis d'Amérique le 11 Décembre 1941, ce qui sera en partie la cause de leur défaite en Europe lorsque toute la puissance industrielle américaine se mettra au service des Alliés, surclassant nettement les possibilités de l'Axe. Néanmoins Yamamoto reste inquiet. Certes, l'opération est un succès, sur 350 appareils seuls 29 ont été perdus et les 74 endommagés réparés. Pourtant, mis au courant du retard de la déclaration de guerre, il ne sous-estime pas la réaction américaine à venir : "Je crains que nous n'ayons réveillé un géant dont la détermination, renforcée par un esprit de revanche et de haine, nous écrasera.".

Attaques japonaises, Décembre 1941 - Juillet 1942.

Pour cause. Sur les 25 navires touchés à Pearl Harbor, seuls 3 ne seront pas réparés : l'Arizona (trop endommagé, la coque est coupée en deux), l'Oklahoma (trop endommagé, percé de partout, retourné et surtout tombeau de centaines de marins) et l'Utah (trop vieux, ça ne valait pas le coup). Tous les autres sont mis en chantiers et reprennent du service entre début 1942 et fin 1943. Le West Virginia est renfloué, le Shaw retapé, les navires retournés remis sur leur quille. L'aviation se remet rapidement. Beaucoup de matériel de cassé mais peu de pertes humaines. Une semaine après l'attaque, la garnison est de nouveau complète. Mi-janvier 1942, la base de Pearl Harbor est de nouveau totalement opérationnelle.

Renflouage du U.S.S. Oklahoma en vue de son ferraillage en 1943.

Yamamoto avait dit qu'il fallait écraser les Américains en six mois et les forcer à la paix si le Japon voulait l'emporter. C'était prophétique. En tentant d'envahir l'Atoll de Midway début Juin 1942, six mois presque jour pour jour après Pearl Harbor, l'Empire du Japon subit la première riposte d'envergure de la part des Américains. Sa force aéronavale se trouve réduite de moitié en deux jours. Dans la seule après-midi du 5 Juin 1942, le Kaga, l'Akagi et le Soryu sont coulés lors d'une seule attaque, le Hiryu subira le même sort cinq heures plus tard. De nouveau maîtres des mers, les Américains contre-attaquent à Guadalcanal au mois d'Août 1942, et commencent leur reconquête de l'Océan Pacifique.

Cette guerre, symbole d'un choc des cultures entre deux peuples qui se croient supérieurs, se haïssent et ne peuvent ni ne veulent se comprendre, sera particulièrement atroce et acharnée. Elle se soldera par la seule utilisation de l'arme atomique en temps de guerre, et ne s'achèvera qu'en Septembre 1945 après avoir manqué d'entraîner le peuple japonais au suicide.

Le U.S.S. Arizona sera définitivement coulé et transformé en mémorial, au cœur même de la rade de Pearl Harbor. Visible sur Google Map.

Dimanche 7 Décembre 1941, Pearl Harbor. 5°) L'attaque.

Vers 4h du matin le Dimanche 7 Décembre 1941, l'équipage du remorqueur U.S.S. Condor AMC-14, qui tractait alors une cible flottante dans le chenal vers le port, remarque un périscope entre sa poupe et sa remorque. Il s'agit d'un de sous-marins de poche japonais qui tente d'entrer dans le port discrètement. Le navire alerte le destroyer de patrouille, le U.S.S. Ward DD-139, qui ne parvient cependant pas à cibler quoi que ce soit mais qui signale néanmoins l'incident à l'Amirauté, qui refuse de s'inquiéter pour un "bidon flottant". Néanmoins, le Ward pousse sa patrouille à l'entrée maritime du chenal, et croise le long de la côte. Cette stratégie est payante. À 6h35, les vigies repèrent un périscope se dirigeant vers la rade. Les hommes prennent leur poste et l'intrus est coulé sans sommations à 6h37. L'Amirauté est réticente à donner l'alerte, et demande une confirmation, évidemment impossible à apporter dans l'immédiat.
Vers 7h, les deux hommes de corvée au camion du RaDAR sont réveillés par une alarme de leur appareil de détection. Une masse s'avance du nord. Ils préviennent l'aérodrome de la Navy, sur l'Île Ford, où on leur répond que c'est normal, il s'agit de six bombardiers Boeing B-17E Flying Fortress venus de Los Angeles et attendus dans la matinée. Pourtant, c'est bel et bien l'ennemi qui s'approche. Il vient d'arriver à portée d'émission de Radio-Honolulu, ce qui a mis une ambiance détendue dans les écouteurs des pilotes japonais.
Plan d'attaque japonais, première et deuxième vague.

À 7h25, la première vague d'assaut japonaise arrive au-dessus d'Oahu. Pearl Harbor dort encore, pas un avion ne patrouille au-dessus de l'île, pas un navire ne manœuvre. L'attaque surprise japonaise est une réussite. Fuchida lance en clair à la flotte japonaise le message code signifiant le début de l'attaque et le succès de l'effet de surprise : "Tora ! Tora ! Tora !". Le message parvient à Nagumo, qui brise le silence radio et transmet à Yamamoto, qui suivra donc en temps réel les opérations depuis la deuxième flotte japonaise dans le Pacifique Ouest sur le cuirassé Yamato. À l'heure où le signal est donné, la seconde vague d'assaut japonaise décolle.

À 7h30, alors que les premières sonneries au réveil résonnent dans la baie, le ciel se noircit des 183 appareils japonais. Cette première force de frappe se compose de 40 torpilleurs B5N2 Kate, de 49 autres B5N2 Kate équipés de bombes, de 51 bombardiers en piqué D3A Val, escortés de 43 chasseurs A6M2 Zéro. Cependant, l'attaque japonaise arrivait par plusieurs côtés, et il fallut une trentaine de minutes pour que la force de frappe fut assemblée.
À 7h50, les avions japonais passent en rase-motte au-dessus du port, sous l'œil dubitatif des Américains. Un chasseur Zéro ouvre les hostilités. Avisant deux marins en train de hisser les couleurs sur le kiosque du sous-marin U.S.S. Tautog SS-199, il ouvre le feu, tuant les deux sous-mariniers. À 7h53, un Aichi D3A en vol horizontal lâche la première bombe de l'attaque sur le croiseur léger U.S.S. Raleigh CL-7. La détonation réveille le port. À 7h56, un sous-marin de poche torpille le croiseur de bataille cuirassé U.S.S. West Virginia. À 7h58, le Commandant Logan RAMSEY (qui avait assisté de visu à l'explosion sur le Raleigh) se rue à l'Amirauté et fait transmettre en clair et sur toutes les fréquences, y compris les civiles et les officielles vers le continent, l'alerte générale : "Attaque aérienne sur Pearl Harbor ! Ceci n'est pas un exercice !".
La curée commence. Les pilotes japonais ont ordre de viser en priorité les croiseurs. Six croiseurs de bataille cuirassés sont rangés deux par deux le long de la côte est de l'Île Ford, offrant des cibles parfaites : U.S.S. Arizona BB-39, U.S.S. Oklahoma BB-37, U.S.S. West Virginia BB-48, U.S.S. Tennessee BB-43, U.S.S. Nevada BB-36, U.S.S. Maryland BB-46 et U.S.S. California BB-44. Le premier à subir l'ire du Soleil Levant est l'Arizona. Deux torpilles le frappent et inondent ses chaufferies. Une bombe éclate dans les superstructures. Le lieutenant Tadashi Kusumi aux commandes de son Aichi D3A1 Val réussit ensuite ce qui peut être qualifié de coup heureux : sa bombe entre directement par la cheminée et va exploser dans les chaudières inondées. La chaleur de l'explosion, le charbon et la fraîcheur de l'eau se combinent et il en découle un coup de grisou qui incendie instantanément les pont inférieurs, y compris la Sainte-Barbe (la soute à munitions). Deux minutes plus tard, le navire fait explosion, entraînant dans la mort 1.177 marins dont l'Amiral Isaac Campbell KIDD (1884-1941) qui se battait au milieu de ses hommes en tant que mitrailleur. Le souffle est tel que le navire atelier U.S.S. Vestal AR-4 voit ses superstructures soufflées, obligeant son évacuation. L'Arizona n'est plus qu'une épave, mais des superstructures émergent encore et les quelques cent survivants encore à bord utilisent toujours les mitrailleuses en état et resteront à bord jusqu'à la fin de l'attaque.

Explosion du U.S.S. Arizona.

L'Oklahoma et le West Virginia sont bombardés et s'enflamment, appelant ainsi les avions japonais à les achever. La passerelle du Nevada est frappée par une bombe qui tue tous les officiers à l'exception du timonier. À quai, les autres navires ne sont pas mieux lotis. Le vieux croiseur de bataille cuirassé U.S.S. Utah BB-31 (mis en service en 1911), en cale sèche, sans superstructures et qui ressemble donc à un porte-avions, se fait pilonner jusqu'à ce qu'il soit coupé en deux. Le croiseur de bataille cuirassé U.S.S. Pennsylvania BB-38, également en cale sèche, subit des dommages mais son artillerie est encore fonctionnelle, ce qui en fait une cible délicate et le sauve.


Photographie prise d'un Nakajima B5N2 Kate japonais lors de l'attaque,
vraisemblablement à la fin de la première vague.
On peut voir la fumée qui s'échappe d'Hickam Field.
Notez les sillages des torpilles dans la rade.
C'est après l'explosion du Nevada, remarquez sa proue détachée et le Vestal enfoncé par l'arrière.
Voyez également les gerbes d'eau et l'onde de choc provoquées par les torpilles sur le West Virginia et l'Oklahoma.
Notez aussi le sillage du Nevada en train de se mettre en route.

Mais l'effet de surprise passé, les Américains se reprennent. Ce sont tous des marins professionnels, entraînés pour la guerre, et bientôt les navires font feu de toutes leurs pièces pour repousser l'attaque. Neuf appareils japonais sont abattus par la Défense Contre-Avions (D.C.A.).
Les appareils de la Navy, alignés sur l'Île Ford aile contre aile comme au champ de foire, font vraiment office de cible d'exercice. Certains pilotes japonais revendiqueront dix avions détruits en une passe. Les 24 P-36, 10 Catalina et 5 Devastator sont balayés en dix minutes sans avoir eu la moindre chance de décoller, les hangars et les bâtiment sont bombardés. Hickam Field n'est pas épargné. Là encore, les avions aile contre aile se font détruire par groupes entiers.

Hangar de la Navy sur l'Île Ford en flammes.

Il est 8h30, la première vague d'assaut est sur place depuis près d'une heure et commence à se trouver à court d'essence et de munitions. Parfaitement coordonnée, elle cède la place à la seconde vague qui vient d'arriver. Sur le retour, les chasseurs Zéro croisent par hasard une escadrille de 18 Douglas SBD-2 Dauntless du porte-avions U.S.S. Enterprise, qui patrouille dans le cadre de l'exercice. C'est un massacre, les Japonais abattent six torpilleurs américains. De leur côté, les Aichi D3A1 Val remontent vers le nord et survolent Wheeler Field, se permettant au passage une passe de mitraillage et détruisant les quelques avions éparpillés sur l'aérodrome de maintenance.
À 8h34, l'Amiral KIMMEL, qui assiste impuissant au désastre depuis l'Amirauté, se voit remettre un pli confidentiel. "Nous sommes en guerre ! Attaque japonaise imminente ! Forces armées du Pacifique doivent être mises en alerte immédiatement ! Signé : George C. MARSHALL." Le message n'a qu'une heure de retard. À peine Kimmel a-t-il lu cette trop tardive mise en garde qu'une balle perdue frappe le mur à quelques centimètres de lui. Il dira plus tard qu'il aurait aimé qu'elle l'atteigne.
Le léger temps de battement entre la première et la seconde vague japonaise est mis à profit par les Américains. L'enseigne Joe TAUSSIG, timonier du Nevada et dernier survivant sur la passerelle, prend l'initiative de prendre le commandement du navire et ordonne la manœuvre. Le croiseur de bataille cuirassé commence alors à se diriger vers le chenal dans l'espoir d'atteindre la haute-mer et de dégager un peu la rade de l'embouteillage de navires qui forme un amas de cibles. C'est une fausse bonne idée car ce faisant, il attire à lui tous les bombardiers japonais qui espèrent le couler dans l'étroit chenal, ce qui bloquerait le port pour plusieurs mois. Le destroyer U.S.S. Aylwin DD-355 parvient également à lever l'ancre avec seulement quatre officiers et douze hommes d'équipage à bord. Sur terre, les pilotes américains réagissent également. La légende n'a retenu que deux P-40 héroïques ayant décollés de Kaneohe Field. En réalité, il y en a eu plus. Certains pilotes se ruent sur les quelques appareils intacts d'Hickam Field, tandis que d'autres réquisitionnent des véhicules en urgence pour se rendre à Kaneohe Field, qui n'a pas encore été bombardé.
La seconde vague d'assaut japonaise se compose de 54 bombardiers Nakajima B5N2 Kate, de 78 bombardiers en piqué Aichi D3A1 Val et de 35 chasseurs Mitsubishi Reisen A6M2 Type 21 Zéro/Zeke. Soit, 167 appareils, et aucun torpilleurs. La fumée des navires en flammes recouvre alors la rade et rend en effet périlleux le vol en rase-motte nécessaire au largage des torpilles.
La curée recommence. L'aérodrome d'Hickam Field est visé en priorité. Une dizaine de chasseurs américains parvient à quitter le sol, mais seulement deux P-40 parviennent à réellement décoller sans se faire abattre une fois en l'air. Le reste de la base aérienne est quasiment anéanti par les bombardements, au milieu desquels arrivent soudain les six B-17 attendus ! Ces bombardiers ne savent pas trop où ils arrivent, sont presque à court d'essence et ne sont pas armés. Quatre d'entre eux sont abattus. Cependant, les pilotes américains atteignent Kaneohe Field et quinze P-36 parviennent à décoller, même si cinq sont abattus par les Japonais qui entament la destruction de l'aérodrome. Il y a donc, aux environs de 8h45, douze avions américains en l'air. Ils tentent alors de protéger le port, et abattent neuf appareils japonais. Mais seuls les deux P-40 se risquent au-dessus de la rade car, décollés d'Hickam, ils ont été repérés et identifiés par la D.C.A. américaine qui les évite et les couvre. En revanche, les dix P-36 arrivent du même côté que les Japonais et sont accueillis par leur propre D.C.A., qui abat ainsi par erreur quatre d'entre eux avant que les aviateurs décident de couvrir plutôt le reste de l'île... Cinq autres sont abattus par les Japonais.
Un Mitsubishi Reisen A6M2 Type 21 Zéro/Zeke mitraille des Curtiss P-40 Warhawk alignés sur Kaneohe Field.
Notez à gauche le P-40 qui tente de décoller, mis en joue par un second Zéro en rase-motte.

Car la D.C.A. américaine se déchaîne sur Pearl Harbor, même au milieu du carnage qui continue, descendant onze avions japonais de mieux, dont certains s'écrasent alors volontairement sur les navires américains. Elle ne parvient néanmoins pas à stopper l'attaque. Le Nevada est pris pour cible à de multiples reprises, et Joe TAUSSIG a la présence d'esprit d'échouer son navire sur la rive plutôt que de le laisser couler au milieu du chenal. Le West Virginia résiste toujours mais est pilonné jusqu'au naufrage. Ayant été touché des deux côtés, il coule droit et ses superstructures émergent encore, lui permettant malgré tout de maintenir un feu continu. Non loin, l'Oklahoma n'a pas la même chance. Frappé à tribord, il commence à chavirer et est achevé par les sous-marins de poche japonais qui se décident à faire surface. L'Oklahoma est alors frappé sur son pont par des torpilles, causant des dommages irréparables et accélérant le retournement, qui piège des centaines de mécaniciens dans les cales du navire. Les croiseurs de bataille cuirassés étant hors de combat, les Japonais s'acharnent sur les navires auxiliaires et les destroyers, causant soudain la panique sur l'Île Ford lorsque les Américains s'avisent que le pétrolier U.S.S. Neosho, amarré à l'île, rempli de suffisamment de combustible pour vitrifier toute la baie en cas d'explosion, est pris à parti par des avions, heureusement sans succès. Les sous-marins de poche japonais font surface pour se joindre au carnage et tenter de s'échapper. L'un d'eux atteint la mer mais calcule mal sa trajectoire et s'échoue, son équipage se suicide. Deux autres sont repérés, pris à parti et coulés par le ravitailleur U.S.S. Curtiss AV-4 et le destroyer U.S.S. Monaghan DD-354. Le dernier tourne en rond faute de boussole fonctionnelle. Son équipage le saborde et s'enfuit à la nage. L'un des hommes se noie mais l'autre, Kazuo Sakamaki (1918-1999), s'évanouit sur la plage et devient le premier prisonnier de guerre japonais fait par les Américains.
Photographie prise d'un Nakajima B5N2 Kate de la seconde vague quittant sur Pearl Harbor.
Le port est en feu, mais notez l'importante activité anti-aérienne.

Explosion des dépôts de munitions portuaires et du destroyer U.S.S. Shaw DD-373 à quai, au milieu des navires auxiliaires, vers 9h.

À 9h15, les avions japonais s'éloignent.


Disposition des navires et dommages infligés.
(Source : CAU Paulo, Les cent plus grandes batailles de l'Histoire, de l'Antiquité à nos jours, Édition Place des Victoires, Paris, 2006.)

À 9h20, la première vague se pose sur les porte-avions japonais. Aussitôt, Fuchida presse Nagumo de lancer un troisième raid sur les installations pétrolières de Pearl Harbor, pour achever la paralysie de la flotte américaine de l'Océan Pacifique. À cet argument, Chuichi Nagumo oppose le fait que la réaction américaine s'organise, les pertes sont d'ores et déjà annoncées plus lourdes dans la seconde vague, qu'organiser une troisième vague prendrait trop de temps, qu'elle ne serait pas coordonnée avec le départ de la seconde, et qu'en conséquence, la défense américaine serait prête. Par ailleurs, où sont les porte-avions américains ? Et de toute façon, la flotte est bientôt à la limite de ses réserves en carburant. Il n'y aura pas de troisième raid. Cette décision prudente lui a souvent été reprochée par après mais au vu des circonstances, il apparaît que c'était le meilleur choix.
L'attaque japonais sur Pearl Harbor a duré une heure et demie. Tout est terminé.

samedi 21 janvier 2012

Dimanche 7 Décembre 1941, Pearl Harbor. 4°) Préparatifs américains.

La base navale américaine de Pearl Harbor est située dans la baie à l'ouest de Honolulu, sur l'Île d'Oahu, au nord de l'archipel des Îles Hawaï, alors Territoire des États-Unis d'Amérique. Elle est très isolée dans l'Océan Pacifique, à 3.500 kilomètres des côtes américaines et à 6.500 kilomètres des côtes japonaises. Cependant, de par le statut des Îles Hawaï et l'importance de l'archipel et de la population, il s'agit de la base américaine la plus puissante dans l'Océan Pacifique, et sert de second port d'attache à la flotte américaine de l'Océan Pacifique après Los Angeles, État Américain de Californie.

Le port en lui-même est excellemment situé, au fond d'une baie large et bien à l'intérieur des terres, en faisant un abri providentiel et efficace contre les typhons et contre une éventuelle attaque par la mer. On accède à la rade, profonde à son maximum de douze mètres, par un long et étroit chenal de trois kilomètres sur quatre-cents mètres. Le port s'axe autour de l'Île Ford, au centre de la rade, qui sert de terrain d'aviation aux unités aéronavales de la United States Navy (U.S.N.). Au sud-est se trouve l'aérodrome militaire de Hickam Field, où stationnent les unités aériennes de l'United States Army Air Corps (U.S.A.C.), qui dépendent de l'armée de terre américaine et non de la marine. Dans la rade, les navires sont amarrés bord-à-bord deux-à-deux, pour gagner de la place et du matériel.


Île d'Oahu, Pearl Harbor

En 1932, les porte-avions jumeaux de la classe Lexington, le U.S.S. (United States Ship) Saratoga CV-3 et le U.S.S. Lexington "Gray Lady Lex" CV-2 participent à un exercice visant à tester les capacités offensives des porte-avions. L'exercice consiste en une frappe aéronavale sur Pearl Harbor. Les avions de la Navy anéantissent virtuellement la flotte américaine à l'ancrage. Les États-Unis d'Amérique lancèrent alors un programme de six porte-avions, la classe Yorktown. À Pearl Harbor cependant, rien ne fut fait pour améliorer la défense face à ce genre d'attaque.

En 1941, les États-Unis d'Amérique ne sont pas prêts à entrer en guerre. Le peuple a encore en mémoire les pertes du corps expéditionnaire américain dans les tranchées européennes en 1917-1918, voire ceux de la Guerre de Sécession, seulement soixante ans auparavant. Un fort courant isolationniste et pacifiste domine alors le pays (America First). Cependant, Roosevelt aide en sous-main les Britanniques mal engagés et isolés face à une Europe envahie par les Nazis. Il leur fournit du matériel et escorte leurs convois. Petit à petit, il tente de réarmer son pays, dont l'armée professionnelle n'excède pas 300.000 hommes, afin de se préparer à entrer en guerre contre l'Allemagne. Ce faisant, il néglige la menace japonaise et croit encore à la réussite des négociations avec l'Empire du Japon, étant prêt à sacrifier au besoin certaines possessions américaines dans l'Océan Pacifique. Cependant, le Secrétaire d’État Cordell HULL (1871-1955) est chargé de maintenir une ligne diplomatique dure envers le Japon, restant intraitable sur l'embargo pétrolier tant que les Japonais ne se seront pas retirés de Chine.

Cordell HULL

En Février 1941, le Général Walter Campbell SHORT (1880-1949) est nommé à la tête des forces armées américaines à Pearl Harbor, soit 25.000 hommes. Son aviation se compose d'environ 200 appareils, répartis entre Hickam Field, Wheeler Field (terrain plus à l'intérieur des terres utilisé pour la maintenance) et Kaneohe Field (sur la côte est, même rôle). À l'exception des 70 chasseurs Curtiss P-40 Warhawk relativement récents (et qui composent alors la majorité de la force aérienne), les avions américains sont dépassés. Les vieux chasseurs Boeing P-26 Peashooter datent des années 1920, les chasseurs Curtiss P-36 Hawk H-75 du début des années 1930, les bombardiers Douglas DC-2 B-18 sont certes nombreux mais ne sont que des avions civils modifiés... L'armement antiaérien est composé surtout de mitrailleuses, la base comptant sur les puissants canons des navires pour la défendre. En Août 1941, les Britanniques font cadeau de plusieurs appareils de RaDAR (Radio Detection And Randing) SCR (Signal Corps Radio) 270. Les Américains se familiarisent ainsi avec ces appareils nouveaux, et l'un d'eux est envoyé à Pearl Harbor. Ce n'est ni plus ni moins qu'une grande antenne plantée sur la montagne surplombant le port, et le centre de contrôle est un camion... Mais ça marche, même si les Américains ne savent pas trop comment l'utiliser.

Walter SHORT

RaDAR SCR-270 de Pearl Harbor

En Mai 1941, c'est l'Amiral Husband Edward KIMMEL (1882-1968) qui prend la tête de la Navy à Pearl Harbor. Ses forces aéronavales se composent d'une centaine d'avions, un peu voire beaucoup obsolètes, dont quelques chasseurs Grumman-Martlet F4-F Wildcat et torpilleurs Douglas TBD Devastator embarqués sur les porte-avions, plus quelques lents et lourds hydravions Consolidated PBY Catalina. Ses forces navales se sont trouvées ponctionnées continuellement durant l'année 1941 pour renforcer la flotte américaine de l'Océan Atlantique, suivant ainsi la politique de l'Europe d'abord. C'est au total plus de 20% de la flotte américaine de l'Océan Pacifique qui est ainsi envoyée de l'autre côté du Canal de Panama : un porte-avions (le U.S.S. Saratoga CV-3), trois croiseurs de bataille cuirassés, un croiseur lourd, trois croiseurs légers et six destroyers. Début Décembre 1941, il ne reste plus à Pearl Harbor que trois porte-avions, neuf croiseurs de bataille cuirassés (dont deux en cale sèche), trois croiseurs lourds, six croiseurs légers, quatre sous-marins classe SS-Gato, vingt destroyers et dix navires auxiliaires (pétroliers et transports). Le chenal n'est pas barré de filets anti-sous-marins, les Américains ont une confiance totale dans la faible profondeur du port.

Husband KIMMEL

Flotte aéronavale américaine de l'Océan Pacifique basée à Pearl Harbor

La rivalité cordiale et séculaire entre la Navy et l'Army se concrétise méchamment entre Short et Kimmel, les deux hommes se détestent, ce qui nuit gravement à la communication entre les eux corps d'armée, l'un prenant toujours des décisions inverses à l'autre, empêchant tout exercice en commun. Le Lundi 1er Décembre 1941, Short décide la tenue d'un exercice anti-sabotage, prévu pour le Lundi 8 Décembre 1941. L'objectif de cet exercice est de prévenir et de contrer un éventuel sabotage par des Japonais présents sur l'île. Il est motivé par le fort pourcentage d'immigré japonais à Hawaï (120.000 en tout). L'U.S.A.C. aligne donc aile contre aile tout ses avions à Hickam Field, pour mieux les surveiller. Seule une trentaine d'appareils, basée à Wheeler Field et Kaneohe Field, est laissée en dehors de l'exercice, et la plupart sont en maintenance. Kimmel décide de ne pas participer à l'exercice, et il programme au contraire un exercice de bataille aéronavale au sud d'Hawaï. Le Mardi 2 Décembre 1941, les trois porte-avions américains (le U.S.S. Lexington CV-2, et deux de la classe Yorktown : le U.S.S. Enterprise CV-6 et l'ultramoderne U.S.S. Wasp CV-7 sorti des chantiers en 1940) escortés de six destroyers quittent Pearl Harbor.

Aérodrome de Hickam Field, notez les P-26 et les B-18 alignés...

Cependant, sur le continent, ça s'agite. Hull sent bien que les négociations s'enlisent. Par ailleurs, il se garde bien de dire à ses homologues japonais qu'il connaît leurs ordres, et bien plus, envoyés du Japon. En effet, les services secrets américains de décodage sont parvenus à forcer sans trop de problèmes le code diplomatique japonais, et surveillent donc de près toutes les communications de l'ambassade de l'Empire du Japon à Washington D.C. (District of Columbia). En revanche, les décodeurs américains ne sont pas encore parvenus à percer le code la Marine Impériale. De fait, ce code est virtuellement indéchiffrable, puisqu'il utilise un code différent par jour, prévu à l'avance et noté dans un cahier donné aux unités japonaise. Néanmoins, les Américains parviennent à comprendre certaines bribes. C'est ainsi qu'ils savent que la flotte japonaise lève l'ancre pour exercice fin Novembre 1941 avant de perdre le contact radio. Cela inquiète les services secrets américains qui renforcent leur surveillance de l'ambassade japonaise.

Le Samedi 6 Décembre 1941 à 23h, les décrypteurs américains interceptent le message japonais contenant la déclaration de guerre. Ils en notent immédiatement l'importance au vu du code renforcé employé. Mais contrairement aux diplomates japonais qui repoussent la transcription au lendemain, les services secrets américains vont passer la nuit à le forcer et y parviennent le Dimanche 7 Décembre 1941 vers 10h, alors même que les Japonais ne l'ont pas encore déchiffré. Il est alors 4h30 à Hawaï. Alarmés par le contenu des quatorze points, les services hésitent un temps. Il est question de prévenir le président Roosevelt tant la situation est grave, mais le Président des États-Unis d'Amérique a été écarté de la chaîne de commandement de l'armée par décision du Congrès Américain en Septembre 1941, sous l'influence pacifiste. C'est donc vers le Général George Catlett MARSHALL qu'il faut se tourner. Or, il est en congé et ne répond pas au téléphone. Pour cause, il est parti faire une promenade à cheval. Une estafette des services secrets parvient à le retrouver deux heures plus tard. Marshall agit alors vite, il rédige à la main le message suivant : "Nous sommes en guerre ! Attaque japonaise imminente ! Forces armées du Pacifique doivent être mises en alerte immédiatement !". Il ordonne que ce message soit envoyé en claire par par télégramme à toutes les bases américaines de l'Océan Pacifique, y compris les Philippines et Pearl Harbor. Son secrétaire se charge de porter lui-même le message au service des communications, et transmet le message et l'ordre de son supérieur avant de retourner travailler. Malheureusement, le général a une écriture exécrable, illisible, et les techniciens américains ne parviennent même pas à comprendre la teneur du message. Il faut alors retrouver le secrétaire et lui demander de "traduire". Ce qui fut fait. Mais entretemps, l'ordre de faire passer le message en clair et en urgence a été oublié, et c'est par la voie sécurisée et codée que passe l'alerte... Le temps de faire tout ça, il est déjà 13h, soit 7h30 à Hawaï, et c'est déjà trop tard. Pour comble de malchance, un problème technique stoppe la transmission pendant une heure et demie dans l’État Américain d'Arizona.

George MARSHALL

Trois heures plus tôt, à Pearl Harbor, rien ne laisse présager de la menace qui s'avance.