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lundi 27 juin 2011

Annonce


BLOG EN COLONIES DE VACANCES !
RETOUR APRÈS LE JEUDI 11 AOÛT 2011.

"Nos jours heureux" (2004).


samedi 25 juin 2011

Heu ! Juste une dernière chose...

Peter Michael FALK (1927-2011) est décédé le Jeudi 23 Juin 2011. Deux fois oscarisé pour des seconds rôles, il a derrière lui une filmographie assez dense merci, mais complètement éclipsée aux yeux du commun des mortels par son plus grand rôle : le Lieutenant Franck "Bob" COLUMBO, dont il endossa soixante-neuf fois le vieil imperméable, la Peugeot 403, le cigare, la coupe en bataille et le cigare, entre 1968 et 2003. Pour l'anecdote, il forçait son clin d’œil mais il portait réellement un œil de verre depuis l'âge de 4 ans.

Atteint de la maladie d'Alzheimer depuis 2003, il avait sombré dans la démence depuis 2008, ne reconnaissant plus ses proches, et ayant oublié son passé.

Le monde continuera de tourner, mais ça me tracasse...



Encore une grande historienne qui s'en va...

Nous avons appris Jeudi 23 Juin 2011 le décès à l'âge de 97 ans passés de Christiane DESROCHES-NOBLECOURT (1913-2011). Cette grande égyptologue, sommité mondiale en matière d’Égypte Ancienne, écrivait encore il y a de ça six ans. Elle a dépoussiéré la discipline en introduisant notamment l'usage d'illustrations dans les livres, et en luttant pour la diffusion des découvertes à un large public. Elle avait également participé au sauvetage du Temple d'Abbou Simbel, sauvé des eaux du Barrage d'Assouan en 1960, en appelant, au nom de la Vème République Française, à la solidarité mondiale pour sauver les vestiges de la vallée. Convoquée par Charles de GAULLE (1890-1970), alors Président de la République, pour s'expliquer sur cette prise de position non autorisée par l’État, cette ancienne résistante a répondu du tac-au-tac que le Général n'avait pas demandé l'autorisation du Maréchal de France Henri Béoni Omer Philippe PÉTAIN (1856-1951) pour lancer à Londres son appel du 18 Juin 1940.



Bref, encore une grande dame de l'Histoire qui s'en va. Avec l'helléniste Jacqueline WORMS de Romilly (1913-2010), 2010-2011 est une sombre année pour l'Histoire de l'Antiquité. Et avec Marcel TRUDEL (1917-2011) pour l'Histoire de la Nouvelle-France, ça fait le trio...

Interlude

Je ne suis pas parti depuis si longtemps, j'ai quand même des choses à raconter aux gens sans regrets, sauf que je n'en ai pas le temps !

Joseph Ira "Joe" DASSIN (1938-1980), "Salut" (1975), dans une émission datée de 1976 de Marie-Thérèse "Maritie" (1921-2002) et Gilbert (1920-2000) CARPENTIER.

Le joli mois de juin (2011)

Bon...

Après presque un mois d'un silence forcé, je reprends ici mon clavier pour donner quelques nouvelles d'un français accueilli au Québec et qui se retrouve temporairement exilé en France.

J'avais naïvement cru que j'aurais un mois de vacances entre la fin de la session universitaire et mes colonies de vacances.

Raté...

C'était sans compter :
_mes affaires éparpillées aux quatre coins de la région Centre.
_une paperasserie à trier jusque par dessus la tête, et dont les documents eux-mêmes étaient éparpillés.
_des rendez-vous médicaux plus moins utiles que plus.
_des heures en train parce que je suis un automobiliste qualifié mais sans véhicule.
_des heures en ville à pester contre l'administration.
_une vie troglodyte qui ne m'a guère réussie.
_cinquante kilos de bagages à me trimbaler faute de pouvoir les poser dans un endroit convenablement utile.
_un chez-moi approximatif car disparu.

Bref...

Là, je reviens de Bretagne. J'ai quand même pris le taureau par les cornes en bloquant trois jours pour aller voir des amis que je n'avais pas vu depuis deux ans.




Sinon, de mes journées en ville, je retiens juste que la France est en travaux, que c'est un foutoir pas possible, et que rien n'a changé dans l'administration. Et, ô rage, quand je pense que j'ai passé la journée à Tours le Vendredi 17 Juin 2011, que j'ai suivi dans un sens et dans l'autre la Rue Nationale une dizaine de fois (au bas mot), que je suis donc passé dix fois devant la Boîte à Livres et que RIEN n'indiquait que s'y trouvait ce jour Bernard PIVOT (1935- ), ce grand champion de la Langue Française, cet homme admirable et admiré (et que j'admire moi-même) qui a su donner du piment à mes années de collégien lorsque je participais à ses dictées (avec une certaine réussite)... Fi, c'est rageant ! Je n'ai pas pu aller le voir !




Enfin bon, j'ai quand même pris un café avec un ami. Sous la pluie. Et j'ai failli, par habitude, attraper le bus T.E.R. (Train Express Régional) de 16h25 direction Saint-Christophe-sur-le-Nay, pour descendre à Neuillé-Pont-Pierre/Gendarmerie, traverser le carrefour Route de Paris / Route du Mans autrefois dangereux et maintenant serein grâce aux radars de feu (autrefois les gens accéléraient pour passer au rouge, maintenant ils ralentissent pour s'arrêter au vert), suivre l'Avenue du Général de Gaulle, ce vieux chemin que j'ai parcouru à pied tant de fois pour aller à l'école et au collège, avec toujours ce petit pincement de nostalgie, pour arriver devant ce qui fut ma maison (maintenant vendue et le terrain divisé entre promoteurs), m'adonner à quelques minutes de gâteries niaiseuses avec mon chat, puis aller me prendre un bon bain pour déstresser de la journée, tout en écoutant tomber la pluie sur le velux, tandis que le chat squatterait mon lit...

Mais tout n'est pas si pire. J'ai recontacté un grand ami dont j'étais sans nouvelles depuis un an (j'avais la mauvais adresse mail), et j'ai retrouvé une camarade de classe de Terminale S5, par hasard dans le train Nantes-Orléans.

Je devais voir une copine. Je devais préparer mes colos. Je devais réviser mes premiers secours. Pis, accessoirement, je devais me reposer aussi...

Enfin...

mardi 7 juin 2011

Les retrouvailles avec le chat

Je tairais mon arrivée à la maison troglodyte de mon oncle (temporairement occupée par ma mère), et ma vie d'homme des cavernes dans cet environnement TRÈS humide (désolé Tonton, mais faudra vraiment faire quelque chose, on est rendu à 90% d'humidité dans ce qui me sert de chambre), la négociation en cours avec ma mère pour me permettre d'avoir un peu de vacances parce que parti comme c'est, je vais servir de garde-chat pendant que madame ira se faire bronzer...

Enfin bref, pas de photos du troglo, c'est pas chez moi. Et en parlant du chat, j'ai été content de le retrouver ! Bon, il ne m'a pas reconnu tout de suite, mais ça va mieux. Regardez s'il est pas bô ?





Alors, pourquoi j'aime mon chat ?
_Il est beau.
_Il est mignon.
_Il fait "Miaou !".
_Il ronronne.
_Il nous réveille cinq minutes avant le réveil, même le dimanche et pendant les vacances.
_Il venait se caler près de moi dans mon lit pendant les orages (autrefois, quand on avait encore la maison).
_Il a toujours son quart d'heure de folie sur le coup de 21h30.
_J'ai déjà dit qu'il était beau ?
_Il s'est cogné dans la baie vitrée fermée quand il était chaton en voulant attraper un oiseau sur la terrasse...
_Il est déjà tombé en descendant l'escalier.
_Il squattait mon lit et se battait pour y rester et m'empêcher de me coucher, même que parfois c'est lui qui gagnait et j'allais dormir sur le divan.
_Il est monté sur ressorts.
_Il nous ramenait les balles qu'on lui lançait.
_Il nous réveille en nous tapant dessus avec sa patte.
_Ca lui arrive de faire du sur-place quand il démarre trop vite, comme dans les dessins animés.
_Il fait toujours ses griffes juste à côté de la plaque prévue pour.
_Il adore le thon.
_Il adore le thon, mais rien ne le rend fou comme le mousson de canard, à tel point qu'il faut le faire sortir de la maison, sinon il squatte la table même si on le vire.
_Il a la queue en point d'interrogation, très reconnaissable comme ça.
_Définitivement, c'est le plus beau !




Un trésor perdu !

Même en France j'en retrouve ! Et il s'agit là d'une pièce d'1çCAD datant de 1967, émise dans la Province Canadienne du Nouveau-Brunswick ou dans celle de la Nouvelle-Écosse.

À l'avers, la Reine Alexandra Mary Elizabeth II WINDSOR du Royaume-Uni de Grande-Bretagne, d'Angleterre, du Pays de Galles, d'Écosse, d'Irlande du Nord et des Seize États Indépendants, Chef du Commonwealth (1926 ; 1952- ). Plus jeune que sur les monnaies actuelles.


Au revers, une Colombe des Rochers. En hommage au centenaire de la Confédération Canadienne (1867-1967).

vendredi 3 juin 2011

Interlude : Chant de l'après-Commune

La Commune a souvent été évoqué dans des chansons ouvrières par après. Mais jamais comme dans celle-ci, véritable menace brandie par Eugène POTTIER (1816-1887) peu après les obsèques de Jules VALLÈS en 1885. Nous disions donc "Elle n'est pas morte" (1885), sur l'air de "T'en fais pas Nicolas" de Victor PARIZOT, ce qui explique les appels au début d refrain (n'y voyez aucun rapport avec un certain chef d’État actuel). Et un rapide hommage à celle qui interprète nombre de chansons de la Commune postées sur ce blog : Francesca SOLLEVILLE (1932- ).






On l'a tuée à coups d'chassepots,
À coups de mitrailleuses,
Et roulée avec son drapeau
Dans la terre argileuse !
Et la tourbe des bourreaux gras
Se croyait la plus forte.
Refrain : (bis)
Tout ça n'empêche pas, Nicolas,
Qu'la Commune n'est pas morte !
Comme faucheurs rasant un pré,
Comme on abat des pommes,
Les Versaillais ont massacré
Pour le moins cent-mille hommes !
Et les cent-mille assassinats,
Voyez c'que ça rapporte...
Refrain. (bis)
On a bien fusillé Varlin,
Flourens, Duval, Millière,
Ferré, Rigault, Tony Moilin,
Gavé le cimetière.
On croyait lui couper les bras
Et lui vider l'aorte.
Refrain. (bis)
Ils ont fait acte de bandits,
Comptant sur le silence,
Achevé les blessés dans leur lit,
Dans leur lit d'ambulance !
Et le sang inondant les draps
Ruisselait sous la porte !
Refrain. (bis)
Les journalistes, policiers,
Marchands de calomnies,
Ont répandu sur nos charniers
Leurs flots d'ignominies !
Les Maxime Du Camp, les Dumas
Ont vomi leur eau-forte.
Refrain. (bis)
C'est la hache de Damoclès
Qui plane sur leurs têtes :
À l'enterrement de Vallès,
Ils en étaient tout bêtes,
Fait est qu'on était un fier tas
À lui servir d'escorte !
Refrain. (bis)
C'qui prouve en tout cas, Nicolas,
Qu'la Commune n'est pas morte.
Bref, tout ça prouve aux combattants
Qu'Marianne a la peau brune,
Du chien dans l'ventre et qu'il est temps
D'crier : « Vive la Commune ! »
Et ça prouve à tous les Judas
Qu'si ça marche de la sorte :
Refrain. (bis)
Ils sentiront dans peu, nom de Dieu,
Qu'la Commune n'est pas morte !

jeudi 2 juin 2011

Bilan de la Commune de Paris (1871)

La répression arbitraire cessa début Juin 1871. Les procès en bonne et due forme succédèrent aux hâtifs conseils de guerre. Ils durèrent jusqu'en 1874. Il en résulta 93 condamnation à mort, dont 23 exécutées et une à titre posthume : Charles DELESCLUZE (que tout le monde savait mort pourtant...). 5.000 personnes (dont Louise MICHEL) furent envoyées en déportation politique en Nouvelle-Calédonie, et 6.000 autres furent emprisonnées ou condamnées au bagne. Une amnistie générale sera proclamée en 1880.

De nombreux Communards parviennent néanmoins à s'exiler en Confédération Suisse ou en Royaume d'Italie, certains même gagnent Londres pour commencer à former la Seconde Internationale Ouvrière Socialiste (1889-1923), reprochant à la Première Association Internationale des Travailleurs (1864-1872) de ne pas les avoir assez soutenu durant la Commune de Paris (1871).

Le bilan humain est incroyablement lourd pour une révolte aussi courte dans le temps.
La Troisième République Française déplore la perte d'environ 1.000 tués, dont une centaine d'otages et d'exécutés par la Commune.
Paris a payé un très lourd tribut durant cet épisode. La municipalité de Paris a payé 17.000 enterrements. Mais on découvre encore des fosses communes datant de Juin 1871, et le bilan réel est assurément plus élevé. Les Amis de la Commune parlent de 30.000 à 35.000 morts, ce qui n'est pas improbable, mais un bilan raisonnable se situe entre 20.000 et 25.000 morts, dont 18.000 à 23.000 rien que durant la seule Semaine Sanglante du 21 Mai au 2 Juin 1871.






Au niveau matériel, Paris est à reconstruire. Des artisans sont appelés de toute la France pour remettre en état les monuments. Parmi ces artisans, les meilleurs d'entre eux : les Compagnons. Compagnons dont faisait partie le grand-père paternel de Marcel PAGNOL (1895-1974), évènement évoqué à l'occasion de toute autre chose dans "Le Temps des Secrets" (1960), troisième tome des "Souvenirs d'enfance" (1957-1977).


Mais il y a des choses que l'on ne peut reconstruire. Les archives municipales, judiciaires et policières, de nombreuses œuvres culturelles et autres correspondances ont irrémédiablement brûlées dans l'incendie des bâtiments importants et des grands palais. Un trou dans l'Histoire de Paris que les historiens ne pourront jamais combler.

La Commune de Paris est un évènement à part dans l'Histoire. Elle ne pouvait se déclencher que dans ce contexte (une défaite, une armée prisonnière, un gouvernement monarchiste), mais c'est ce même contexte qui la broie (un pays las de la guerre, une armée prête, un gouvernement élu au suffrage universel). La Commune de Paris était condamnée dès le 18 Mars 1871. Ce n'était qu'une question de temps. Les Communards ont d'ailleurs à leur actif plusieurs actes manqués qui auraient pu retarder l'échéance : ne pas avoir marché sur Versailles le 18 Mars 1871 pour s'emparer d'un gouvernement surpris et sans protection, et ne pas s'être emparé de la Banque de France et de ses millions de Francs, qui leur auraient permis d'acheter des sympathies et donc du temps. Par ailleurs, l'échec de la Commune de Paris consacre la division Paris/Provinces et la lassitude des ces-dernières de voir Paris décider tout le temps. Pour rappel, la Révolution Française de 1789 est parisienne, les Révolution des Trois Glorieuses de Juillet 1830 de même, et la Révolution Française de 1848 encore. Et en Septembre 1870, c'est encore les Parisiens qui renversent le Second Empire Français (1852-1870). La Commune de Paris, c'était la révolution de trop. D'autant que cette fois-ci, elle s'insurgeait contre un gouvernement élu au suffrage universel. Cela ne se reverra jamais dans l'Histoire de France (à part en 1958, avec le Putsch d'Alger, mais cela n'est pas comparable). Bien sûr, il y a eu les Communes de la Ligue du Sud : Lyon, Marseille, Narbonne, Limoges, etc... mais cela est différent. Elles ont éclaté dès Septembre 1870, dans une zone non militarisée, à l'annonce de la chute du Second Empire. Elles sont souvent dues au républicanisme exacerbé des classes ouvrières urbaines, qui profitent de l'absence de militaires pour hisser le drapeau rouge sur l'Hôtel de Ville. Henry René Albert Guy de MAUPASSANT (1850-1893) donne un tableau de cet enthousiasme provincial républicain dans une de ses nouvelles dont le nom m'échappe mais qui peut se trouver dans le recueil "Récits de Guerre de de Défaite" (1993). Elles se sont parfois éteintes d'elles-mêmes, faute de participants, ont été parfois matées par la Troupe envoyée par Thiers ou le Gouvernement de Défense Nationale. En clair : la Province a laissé Paris crever, enfermé dans ses propres murailles par Thiers, suivant un plan développé en 1848 pour sauver le Roi-Citoyen-Bourgeois Louis-Philippe Ier d'Orléans des Français (1773 ; 1830-1848 ; 1850) mais qui n'avait pas eu le temps d'être mis en place.

Sur un plan politique, la Commune de Paris a pris un certain nombre de mesures progressistes que la Troisième République Française mettra des décennies à appliquer, bien souvent sous la pression des grèves et des électeurs. Le Socialisme mettra quant à lui dix ans avant de se remettre du coup porté à ses meneurs durant la répression. Le fédéralisme municipal n'a jamais été essayé en France.

La Commune n'a pas été non plus soutenu par les intellectuels et les artistes de l'époque. Théophile GAUTIER (1811-1872) et Alexandre DUMAS fils (1825-1895) en particulier ont été très virulents pendant et après l'évènement. Même Émile ZOLA (1840-1902) s'est insurgé contre l'insurrection, mais a fermement condamné la répression. Le grand silencieux dans l'affaire a été Victor Marie HUGO (1802-1885), personnellement opposé à la Commune, mais qui s'est tu par amitié pour Louise MICHEL, qu'il n'a pas cessé d'essayer de faire libérer et a accueilli après l'amnistie.

BIBLIOGRAPHIE.

_Pierre MILZA, L'Année terrible, Paris, 2009.
_Jacques ROUGERIE, Que sais-je ? La Commune de 1871, Paris, 2009.
_Robert TOMBS, La Guerre contre Paris, 1871, Paris, 1997.
_Jean-Marie MOINE, Les mouvements ouvriers de 1871 à 1936, Chapitre I : la Commune de Paris, Cours de quatrième semestre de Licence L2 en Histoire-Archéologie, Université François RABELAIS, Tours, 2010.
_Les images viennent de Google Pictures, j'ai perdu la liste des sites visités, mais celui des Amis de la Commune venait régulièrement.

Plus digeste : témoignages de survivants et autres romans.
_Maxime VUILLAUME (1844-1925), Mes cahiers rouges au temps de la Commune, Paris, 1871.
_Jules Louis Joseph VALLÈS (1832-1885), Trilogie autobiographique de Jacques VINGTRAS, III : L'Insurgé, Paris, 1885
_Jean VAUTRIN, Le Cri du Peuple, Paris, 1998. (roman)
_Jean VAUTRIN & Jacques TARDI, Le Cri du Peuple. I : Les canons du 18 mars. II : L'espoir assassiné. III : Les heures sanglantes. IV : Le testament des ruines, Bruxelles, 2001-2004 (un par an). (bande-dessinée, vivement conseillée)


Post-Scriptum (P.S.) : Ainsi s'achève cette longue et haletante épopée sur la Commune de Paris de 1871. Malgré quelques heures passées en bibliothèque en parallèle à mes propres révisions, j'y ai pris du plaisir, et j'ose espérer que mes lecteurs aussi. Vous aurez compris que mes sympathies vont aux Communards, mais que je me suis forcé, sinon à l'objectivité, du moins à la neutralité, devoir de l'historien.

Interlude : Chants de la Commune

Fin Mai 1871, alors que les massacres se poursuivent dans les rues, Jean-Baptiste CLÉMENT (1836-1903), caché dans une mansarde, compose cette chanson, "La Semaine Sanglante" (1871), sur une musique antérieure et connue de Pierre DUPONT (1821-1870). Ici, la version rock et néanmoins très fidèle du groupe Les Amis d'ta femme (A.D.T.F.) (1996- ) sur leur album "Noir... et rouge aussi, un peu..." (2003) qui reprend les classiques des chansons anarchistes.




Sauf des mouchards et des gendarmes,
On ne voit plus par les chemins,

Que des vieillards tristes en larmes,

Des veuves et des orphelins.

Paris suinte la misère,

Les heureux mêmes sont tremblants.

La mode est aux conseils de guerre,

Et les pavés sont tous sanglants.


Refrain :

Oui mais !

Ça branle dans le manche,

Les mauvais jours finiront.

Et gare à la revanche

Quand tous les pauvres s'y mettront.

Quand tous les pauvres s'y mettront.


Les journaux de l'ex-préfecture

Les flibustiers, les gens tarés,

Les parvenus par aventure,

Les complaisants, les décorés

Gens de Bourse et de coin de rues,

Amants de filles au rebut,

Grouillent comme un tas de verrues,

Sur les cadavres des vaincus.


Refrain.


On traque, on enchaîne, on fusille

Tout ceux qu'on ramasse au hasard.

La mère à côté de sa fille,

L'enfant dans les bras du vieillard.

Les châtiments du drapeau rouge

Sont remplacés par la terreur

De tous les chenapans de bourges,

Valets de rois et d'empereurs.


Refrain.


Nous voilà rendus aux Jésuites

Aux Mac-Mahon, aux Dupanloup.

Il va pleuvoir des eaux bénites,

Les troncs vont faire un argent fou.

Dès demain, en réjouissance

Et Saint-Eustache et l'Opéra

Vont se refaire concurrence,

Et le bagne se peuplera.


Refrain.


Demain les Manons, les Lorettes

Et les dames des beaux faubourgs

Porteront sur leurs collerettes

Des chassepots et des tambours

On mettra tout au tricolore,

Les plats du jour et les rubans,

Pendant que le héros Pandore

Fera fusiller nos enfants.


Refrain.


Demain les gens de la police

Refleuriront sur le trottoir,

Fiers de leurs états de service,

Et le pistolet en sautoir.

Sans pain, sans travail et sans armes,

Nous allons être gouvernés

Par des mouchards et des gendarmes,

Des sabre-peuple et des curés.


Refrain.


Le peuple au collier de misère

Sera-t-il donc toujours rivé ?

Jusques à quand les gens de guerre

Tiendront-ils le haut du pavé ?

Jusques à quand la Sainte Clique

Nous croira-t-elle un vil bétail ?

À quand enfin la République

De la Justice et du Travail ?

Refrain.

Fin Mai 1871 : la Répression


Dans la matinée du 29 Mai 1871, la garnison communarde du Fort de Vincennes, commandée par le colonel Delorme, se rend aux Allemands. La Commune de Paris a vécu.


Les Versaillais arrivent en début d'après-midi et font fusiller neuf officiers, dont Delorme, dans les douves.

Dans Paris, la chasse aux Communards se poursuit. On recherche ceux qui ont la trace d'une crosse au creux de l'épaule, de la poudre sur les doigts, des blessures par balles, etc... On dénonce, on arrête, on emprisonne, on fusille, la répression ne connaît aucune limite. À l'image de ce Brésilien moustachu qui, pris pour Georges CLEMENCEAU (1841-1929) qui avait pourtant quitté Paris le 10 Mai 1871, qui a manqué d'être fusillé suite à une "preuve" avancée par un officier français qui avait été au Mexique et qui disait que tous les Américains du Sud parlaient Espagnol, or l'inculpé ne comprenait pas ce qu'on lui disait dans cette langue, et pour cause puisqu'au Brésil on parle Portugais ! Il fallut l'intervention in extremis du Consul du Brésil pour éviter l'incident diplomatique.


Comme le camp de prisonniers du Bois de Boulogne (nord-ouest de Paris) s'engorge, le général Ernest Louis Octave COURTOT de Cissey (1810-1882) fait de la place à coups de mitrailleuse. On ne connait pas le nombre exact de victimes qui sont tombées là, à peu près au même endroit où trente-cinq résistants seront fusillés les 16-17 Août 1944 par les Nazis.

 Ernest COURTOT de Cissey

28 Mai 1871 : Semaine Sanglante

C'est la fin. Les Lignards de Versailles pilonnent Belleville à boulets rouges durant la nuit, et c'est dans un quartier ruiné et incendié que Versailles achève la Commune. La dernière barricade au coin de la Rue Tourille et de la Rue Ramponeau (XXème Arrondissement) tombe à 14h.


Les Communards et les Parisiens soupçonnés de sympathies communardes fuient Paris, par le secteur allemand, à l'est, et un nombre conséquent se réfugie au Fort de Vincennes, ce qui inquiète les Allemands, qui assiègent le fort dans la soirée.






Alors qu'Eugène VARLIN tentait de quitte la capitale, il est reconnu par un officier régulier, arrêté, emmené Rue des Rosiers, et fusillé à l'endroit où les généraux Lecomte et Thomas avait été tués le 18 Mars 1871.

27 Mai 1871 : Semaine Sanglante


L'assaut final versaillais se dessine. Attaquant Belleville par le sud, les Lignards bousculent les défenses de la Commune et investissent la majeure partie du XXème Arrondissement. Mais ils sont retardés par des combattants de la Garde Nationale qui ont transformé le Cimetière du Père Lachaise en redoute. On se bat entre et dans les tombes, les pierres tombales, les chapelles et les fosses sont autant d'abris pour les Communards, qui s'acharnent à l'arme blanche une fois leurs munitions épuisées.


Au soir, les cent-quarante-sept défenseurs survivants se rendent. Le général VINOY, irrité de ce contre-temps, les fait aligner le long d'un mur à l'est du cimetière et les fait fusiller sans autre forme de procès. Ce mur est resté célèbre sous le nom de "Mur des Fédérés", et sert de point de ralliement aux Amis de la Commune pour la commémoration annuelle de l'évènement.